Directeur général du pôle de compétitivité Fibres-Energivie Grand Est dédié à la prise en compte du développement durable dans la construction, Jean-Luc Sadorge a initié avec divers homologues un réseau multirégional pour promouvoir l’application du BIM (la « maquette numérique ») au niveau local. L’initiative intègre d’emblée des partenaires belge et luxembourgeois.
Avec plusieurs autres clusters, vous lancez un concours « BIM des territoires ». Quel en est l’objet ?
Baptisé « BIM Green Awards », ce concours vise à distinguer des projets locaux qui puissent avoir valeur d’exemple dans le déploiement concret du BIM, le Building Information Modeling, communément appelé la maquette numérique 3D. Ce concept est appelé à révolutionner le monde de la construction. Il est considéré comme un facteur décisif de compétitivité pour les tous les acteurs du BTP, qu’ils soient architectes, bureaux d’études ou entrepreneurs. Selon une étude de bpiFrance de septembre 2019, il réduira les coûts d’environ 15 %, tout en réduisant les délais et les risques de malfaçons.
Mais ce mode de conception peine à se déployer dans les territoires. D’où cet appel à la mise en valeur de réalisations, pas forcément exceptionnelles en taille ni en technicité, mais qui montrent que le BIM en local, c’est possible. Un critère principal sera l’histoire du projet : comment l’équipe s’est constituée, comment elle a avancé, quels obstacles elle a dû surmonter… Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15 juillet prochain. Ce concours est lancé par le nouveau réseau « BIM des territoires », constitué en France de quatre pôles de compétitivité et clusters autour de la construction durable : Fibres-Energivie (Grand Est), Domolandes (Nouvelle-Aquitaine), Novabuild (Pays de la Loire) et Hub TEN (Normandie). Ses résultats seront proclamés lors du prochain colloque Build & Connect, co-organisé par le pôle Fibres-Energivie, qui se tiendra fin novembre 2020 à Strasbourg.
Ce concours revêt-il une dimension transfrontalière ?
Nous avons souhaité d’emblée élargir « BIM des territoires » au-delà des frontières françaises. Nous avons débuté avec le Luxembourg et la Wallonie en associant comme membres fondateurs Neobuild et Cap Construction. Neobuild est un pôle d’innovation luxembourgeois dédié au secteur de la construction dans la Grande Région. Il assure une veille technologique et contribue à la mise en oeuvre de technologies innovantes, notamment grâce à son living lab (laboratoire de test de matériaux et systèmes constructifs à Bettembourg, NDLR). Cap Construction revêt la forme d’un cluster constitué à l’initiative de la Région wallonne pour fédérer divers acteurs de la construction dont des entreprises, des architectes, des producteurs de matériaux et équipements et des acteurs immobiliers. Fort de 200 membres, il se consacre en priorité aux questions d’efficacité énergétique, de bien-être, santé et confort dans le bâtiment, d’intégration à la silver économie, de smart building et de smart city, d’économie circulaire et de cycle de vie des matériaux.
Quels sont aujourd’hui vos liens avec ces structures luxembourgeoise et belge ?
Ils sont étroits avec Cap Construction qui avait participé à la préparation du précédent Build & Connect 2018 et s’associe à nouveau à l’édition 2020. Ses thèmes prioritaires correspondent aux nôtres et nous avons déjà répondu avec eux à des appels d’offres européen sur l’économie circulaire. Nous connaissons également Neobuild et l’initiative BIM des territoires donne l’occasion de tisser des liens plus importants avec ce pôle.
Le réseau a-t-il vocation à élargir sa dimension transfrontalière ?
Nous débutons en quelque sorte entre francophones, pour des questions de commodité. Mais notre objectif consiste bien à tisser un réseau plus large, en France et en Europe. A terme, le BIM des territoires s’élargira à la Suisse et à l’Allemagne. Nous en connaissons les acteurs, car nos voisins, en particulier dans le Rhin supérieur, sont réputés de longue date comme un pôle majeur d’application du développement durable au domaine de la construction. Citons les rôles pionniers de Fribourg-en-Brisgau dans les énergies renouvelables, de Karlsruhe comme région technologique majeure, ou de Bâle, métropole de référence en architecture. Il y a donc tout lieu de s’arrimer à ces compétences, d’autant que le dialogue transfrontalier est déjà bien ancré dans ce domaine.
Propos recueillis par Mathieu Noyer
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