Une maison de retraite pionnière a conduit le groupe médico-social mosellan à inscrire le développement durable dans ses objectifs de RSE. La démarche menée à Montigny-les-Metz démontre l’incidence positive de l’écoresponsabilité sur la cohésion de l’équipe.
Ouverts voici 10 ans dans une zone pavillonnaire de Montigny-les-Metz, les locaux modernes et accueillants de l’Ehpad des Acacias de Montigny-les-Metz (Moselle) comportent un petit parc original. Bordé de plantes médicinales, l’espace comporte un potager et un poulailler qui agrémentent les promenades des résidents tout en traduisant le souci de développement durable de l’établissement. Portée par l’engagement personnel de la directrice, Marie-Thérèse Bastien, la démarche a mobilisé les 26 salariés et implique à des degrés divers les 67 résidents et leurs familles. La direction du pôle médico-social Amapa-DocteGestio envisage de dupliquer certaines pratiques de l’établissement de Montigny-les-Metz dans sa quinzaine d’Ehpad.
Etonnante pharmacopée végétale qu’entretenaient au Moyen-Age tous les établissements recevant du public, le « jardin des simples » des Acacias, mis en place avec l’aide de feu le botaniste messin Jean-Marie Pelt, a fait éclore de meilleures pratiques environnementales.
L’écoresponsabilité ne peut pas être au centre du projet d’un Ehpad, mais elle constitue la cerise sur le gâteau. Lorsque le management est mature et que les questions prioritaires comme la bientraitance et l’absentéisme sont réglées, elle lance une dynamique et contribue à la cohésion de groupe.
Marie-Thérèse Bastien
Depuis deux ans, les réunions de travail s’achèvent systématiquement par un point le projet environnemental où les participants expriment leurs idées. La démarche a commencé par le remplacement des gobelets en plastique par des mugs personnalisés à la machine à café. L’établissement a ainsi vu sa consommation passer de 36.000 à 6.000 gobelets par an. Le marc sert d’anti-limaces et d’engrais au jardin, le surplus étant mis proposé aux salariés qui en connaissent ses vertus culturales, mais aussi cosmétiques. La machine à café elle-même constitue un lieu d’affichage efficace pour rappeler les autres consignes.
Les Acacias ont ensuite abordé la question de la réduction des déchets sous l’angle environnemental et économique, les Epadh étant soumis à une redevance proportionnelle au nombre de bacs ramassés par la collectivité. L’établissement a bénéficié durant un ans de la présence d’une stagiaire spécialisée dans le développement durable et s’est appuyé sur le pôle Déchets de Metz-Métropole pour réduire le gaspillage alimentaire et limiter le volume des protections contre l’incontinence.
Nous avons expliqué au personnel leur rôle essentiel dans la chaîne de valorisation et indiqué combien les petites dynamiques internes permettaient d’améliorer le dispositif global.
Alexandre Loison, chargé de mission à Metz-Métropole
Le regard extérieur de la collectivité a appuyé la légitimité de la démarche tout en mettant en exergue de fortes marges de progression. Des pesées ont ainsi démontré que 40 % des aliments utilisés finissaient à la poubelle !
Cette prise de conscience a engendré des changements de pratique. Les assiettes sont désormais remplies non plus en cuisine, mais à la table des résidents. Certains aliments sont servis à la coupe et les repas gratuits sont devenus une manière de remercier les bénévoles. Les poules engloutissent une partie des restes, qui peuvent également alimenter le compost. Des absurdités réglementaires interdisent en revanche la consommation par l’établissement des œufs et légumes bio produits dans son enceinte.
L’établissement a tenté de réduire le volume des protections urinaires en compactant ces déchets non valorisables et pondéreux. Mais les prix de vente et ou de location restent supérieurs à l’économie de redevance et l’appareil confine les protections dans des films en plastique fort peu écologiques. En revanche, le recyclage des piles et des radiographies, la réutilisation des textiles usagés pour des ateliers créatifs ou encore, la pose d’une boîte à livres gratuits devant l’établissement, vont au-delà de la réduction des déchets et créent du lien social.
Cette réussite tient beaucoup à la l’implication et à la force de conviction des directeurs d’établissement. Aux Acacias, le personnel n’a pas vécu la démarche comme une contrainte.
Stéphanie Knissell, directrice des achats d’Amapa/ DocteGestio
Les salariés d’autres établissements du groupe, mais aussi, des représentants d’Ehpad extérieurs, sont venus s’inspirer de ces bonnes pratiques.
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