Sociologue de la culture de formation, Lee Fou Messica a effectué la majeure partie de sa carrière en tant que directrice artistique du théâtre parisien Les Déchargeurs.
Directrice de l’Espace Bernard-Marie Koltès / Théâtre du Saulcy de Metz depuis le 3 avril 2018, elle met son expérience au service du rayonnement culturel de l’Université de Lorraine, du Grand Est et de la Grande Région.
Le festival Textes sans frontières, qui associe les scènes de Charleville-Mézières, Esch-Belval, Luxembourg-Ville, Metz, Nancy, Thionville et Villerupt, fera escale au théâtre Bernard-Marie Koltès ce jeudi 29 novembre 2018 pour mettre à l’honneur la dramaturgie grecque. Quelles singularités percevez-vous dans ce projet transfrontalier ?
Son intitulé me séduit et le propos, qui consiste à confronter des cultures et des visions différentes sur la base d’un même texte, correspond exactement à ce dont je rêvais lors de mes études de sociologie, quand je travaillais sur le rôle du metteur en scène dans les cultures contemporaines. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’assister aux préparations et aux répétitions de ces mises en voix de textes dramatiques, mais l’idée de faire tourner un même spectacle dans plusieurs scènes et dans plusieurs pays me paraît très intéressante.
Comptez-vous initier d’autres projets transfrontaliers ?
Oui. Je prépare le lancement d’un festival intitulé « Court, mais pas vite », ouvert aux jeunes talents du Grand est et de la Grande Région. L’objectif est d’encourager la première écriture scénique ou dramatique de jeunes, issus ou non du conservatoire. Parmi les projets présélectionnés, six seront présentés devant deux jurys respectivement constitués de professionnels et de spectateurs. Les lauréats seront accompagnés et accueillis en résidence. L’objectif est de proposer un terrain d’expression et d’encourager les échanges.
Les universités de Lorraine, de Reims, de Strasbourg et de Haute-Alsace ont porté pour leur part l’an dernier une action artistique collective, le collectif Petrol, qui prend la forme d’une résidence d’artiste itinérante. Ce projet a donné lieu à une restitution au théâtre du Saulcy en mai 2018. Nous réfléchissons actuellement à sa reconduction, en intégrant peut-être une dimension transfrontalière. J’ai par ailleurs repéré des festivals dans les pays voisins et je compte tisser des liens, notamment avec des partenaires allemands ou italiens.
Quel rôle l’Université de Lorraine joue-t-elle en matière de culture ?
L’université de Lorraine est le premier pourvoyeur régional d’événements culturels. Entre septembre dernier et décembre prochain, nous avons recensé pas moins de 176 événements culturels placés sous l’égide de l’université. L’une de ses spécificités réside dans la vulgarisation scientifique dans tous les domaines, avec des expositions qui s’accompagnent d’ateliers, de conférences et de rencontres. Le champ d’action est immense et les ressources, considérables – mais du fait même de cette richesse, les projets mettent du temps à se réaliser.
Quel rôle entendez-vous faire jouer au théâtre Bernard-Marie Koltès dans cet espace culturel ?
Le théâtre est situé sur l’île du Saulcy, dans une enceinte universitaire, mais il s’agit d’un théâtre professionnel centré sur les écritures contemporaines.Sa programmation propose en moyenne 3 à 5 représentations tous les 15 jours et les spectacles sont accompagnés de masterclass ou ateliers théâtre ou écriture proposés par des professionnels reconnus. L’espace Bernard-Marie Koltès doit aussi devenir un hub citoyen : le spectacle ne doit pas seulement divertir, mais aussi éclairer le citoyen en devenir.
Propos recueillis par Pascale Braun
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