Le spécialiste des systèmes d’entraînement des moteurs a déposé voici 25 ans le brevet d’une méthode corrélant performance et ambiance de travail. Relancée, la Perfambiance fait ses preuves sur les trois sites français.

L’équilibre entre bien-être au travail et performance industrielle serait-il le secret de la réussite industrielle ? Directeur technique, puis directeur général de SEW Usocome de 1989 à 2015, Michel Munzenhuter a appliqué ce principe durant 25 ans – période durant laquelle l’entreprise allemande, spécialiste des systèmes d’entrainement des moteurs pour l’industrie, a créé un millier d’emplois en France et multiplié son chiffre d’affaires par quatre. Désormais retraité, l’industriel y a consacré un livre (1) et tient des conférences sur le concept de Perfambiance, qui constitue une marque déposée. Dans le Grand Est, le groupe a relancé la démarche sur ses trois sites qui totalisent 2.000 salariés à Haguenau, Forbach et Brumath.

Perfambiance constituait un dispositif connu et reconnu, mais le contenu s’était affaibli. L’entreprise recrute beaucoup de jeunes, qui n’étaient pas au fait du dispositif. Nous avons donc réécrit la démarche pour permettre à chacun de se l’approprier et de l’appliquer de manière plus homogène sur les trois sites.

Laurent Schneider, responsable Perfambiance du groupe

D’abord discuté au cours de « cafés Perfambiance », le dépoussiérage s’est traduit début 2016 par un séminaire durant lequel les participants ont réécrit sous une forme plus appropriative les dix valeurs fondamentales de la démarche. L’indépendance du groupe, le sentiment d’appartenance, une communication sincère, l’amélioration continue et le souci de pérennité y figurent en bonne place. Les comportements « perfambiants » se résument par l’acronyme « Prêt » (Positive attitude, Respect, Engagement et Travail en équipe ».

La Perfambiance repose sur une chaîne hiérarchique très courte et les managers en sont le fer de lance. Chacun l’applique en fonction de sa propre sensibilité, l’objectif n’étant pas d’avoir des clones.

Laurent Gruber, DRH de SEW Usocome

Dans le groupe, un seul échelon intermédiaire sépare l’opérateur du directeur du site. Les managers se doivent d’observer sept critères conjuguant ambiance et performance et définissent eux-mêmes leur plan de progrès. Ils disposent pour les aider de fiches techniques, de modules de formation et de l’encadrement de leur n+1.

Sur le terrain, la Perfambiance se traduit par une myriade d’initiatives allant du concours de sapin de Noël à la participation à des événements sportifs, en passant par les « after work » pour renforcer la convivialité. Chacune d’entre elles allie satisfaction individuelle et collective tout en associant bien-être au travail et compétitivité. L’entreprise a ainsi fait appel à un photographe professionnel pour réaliser un reportage sur les salariés et leur environnement de travail. Distribués aux intéressés, les clichés ont fait plaisir aux personnes et à leur famille. Elles ont également circulé au sein des trois usines pour permettre une meilleure compréhension de l’organisation globale : les éléments de base sont coulés à Forbach, usinés à Haguenau et assemblés à Brumath, le dernier site en date inauguré en 2015.

La Perfambiance s’avère tout à fait compatible avec l’Industrie du Futur, dont l’usine de Brumath constitue une vitrine labellisée. A Forbach, les principes de concertation, d’innovation et de souci de la qualité de vie régiront la construction d’une extension prévue sur 11.500 mètres carrés. La phase « carton » réunira tous les salariés autour d’une maquette pour réfléchir collectivement aux caractéristiques du bâtiment et à la disposition des équipements.

Difficilement mesurable, l’efficacité de la Perfambiance se traduit indirectement par plusieurs indicateurs. Aucun des trois sites n’a connu de conflits sociaux au cours des dernières décennies. Le taux d’absentéisme culmine à 3 %, nettement en-deçà de la moyenne nationale de 4,72 % constatée sur le plan national en 2017. L’ancienneté moyenne se monte à 17 ans et le principal motif de départ reste le départ en retraite. Le Comité social et économique en cours de constitution prévoit une commission « bien-être » pour maintenir ces constantes.

• « L’entreprise qui libère les énergies – le management Perfambiance », Michel Munzenhuter – Eric Lemaire, Editions du Cygne, 2016.

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