Metz a inauguré le 7 septembre 2018 le centre des congrès Robert-Schuman. Pour s’imposer dans le cercle restreint des villes d’accueil du tourisme d’affaires, la jeune métropole mise avant tout sur l’atout transfrontalier.
Le 7 septembre 2018, les invités qui, sortant de la gare de Metz, déboucheront sur le parvis Adrienne Thomas pour assister à l’inauguration du centre des congrès Robert-Schuman, franchiront en quelques pas un siècle de symboles. Dans son livre « Die Katrin wird Soldat » publié sous le pseudonyme d’Arienne Thomas, l’auteure juive berlinoise Herta Strauch a relaté son engagement d’aide-soignante au service des blessés et des prisonniers transitant en gare de Metz durant la Première guerre mondiale. Best-seller des années 1930, l’ouvrage, qui fut brûlé lors des autodafés nazis, constitue un manifeste intemporel de pacifisme.
Robert Schuman incarne une autre figure de la réconciliation européenne. De naissance allemande et d’origine luxembourgeoise, l’ex-député de la Moselle et président du Conseil des ministres de la IVe République a édifié avec Jean Monnet la Communauté européenne du charbon et de l’acier, socle de la future Union.
Gommer l’image de la ville de garnison
Il a fallu cent ans à Metz pour cicatriser les plaies des deux annexions, assumer l’héritage de l’empire prussien et revendiquer son identité franco-allemande. Plus largement, la ville puise sa légitimité européenne dans 3.000 ans d’une histoire successivement gallo-romaine, lotharingienne, germanique et française. Le nouveau centre des congrès, qui arbore en façade plus de 10.000 pierres de Jaumont, rend hommage à ce patrimoine millénaire.
Cette pierre exploitée depuis le temps des Romains se retrouve dans tous les bâtiments anciens depuis le XVe siècle. Elle constitue la matière même de la ville et lui confère sa forte personnalité.
Jean-Michel Wilmotte
L’architecte de renommée internationale a été retenu par Metz Métropole pour édifier Metz Congrès.
Ocre, sobre et fonctionnel, le c entre Robert-Schuman accolé à la gare contraste avec les exubérantes courbes blanches du Centre Pompidou Metz qui lui fait face. Les deux bâtiments traduisent pourtant une même ambition : gommer définitivement l’image de ville de garnison ou de bastion d’industries défuntes qui colla trop longtemps à la ville. L’édifice de Shigeru Ban figure aujourd’hui parmi les musées les plus fréquentés de France, notamment grâce à l’afflux de visiteurs allemands, belges, luxembourgeois et néerlandais. Metz Métropole compte réitérer ce succès dans le domaine du tourisme d’affaires, en misant à la fois sur sa centralité européenne et sur sa capacité à créer l’événement.
Soutien numérique
Le centre Robert-Schuman accueillera pour son lancement une manifestation de dimension mondiale, l’ e-sport World Convention (ESWC), qui doit réunir plus de 10.000 visiteurs les 8 et 9 septembre.
Metz est très bien connectée à ses voisins européens et à Paris, mais ce n’est pas la seule raison de notre choix. La métropole se distingue aussi par un fort soutien au numérique et à l’e-sport. Il existe dans le tiers-lieu TCRM Blida une communauté de jeunes très engagés qui est littéralement venue nous chercher.
Julien Brochet, directeur de l'ESWC
Flambant neuf, le centre des congrès messin se prête parfaitement à l’événement, qui y organisera également ses deux prochaines éditions. L’auditorium de 1.200 places fera office de court central pour les grandes compétitions de Fortnite Battle Royale, de League of Legends ou de l’Arma Cup. Les 16 salles de commission tiendront lieu de courts annexes. L’association Grand Est Numérique poursuivra la séance inaugurale les 13 et 14 septembre 2018 avec le Salon professionnel #Gen, avant la première ouverture au public proposée à l’occasion des Journées du patrimoine.
Tourisme d’affaires
Metz entrera ainsi dans le club restreint des villes d’accueil du tourisme d’affaires, au terme d’un investissement de 60 millions d’euros. Le financement de l’édifice s’est avéré acrobatique, le Département désargenté ayant tardé à s’acquitter de sa contribution. Le projet a néanmoins suscité un consensus quasi unanime.
Loin de relever d’une dépense de prestige, le centre des congrès Robert-Schuman répond à une nécessité. Renoncer à cet investissement revenait à admettre que les choses se passeraient ailleurs. Or Metz a toute légitimé de revendiquer l’atout unique que lui confère sa position frontalière.
Xavier Bouvet, directeur de l'agence d'attractivité Inspire Metz
Géré par le groupe GL Events, Metz Congrès a d’ores et déjà programmé 60 manifestations. L’édifice est fin prêt, la réputation de Metz, ville de congrès, reste à bâtir.
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