Outre ses atouts géographiques, Metz fait valoir son offre technologique, scientifique et universitaire pour attirer les entreprises allemandes.
Metz est wunderbar ? Proclamé chaque printemps au cours d’une semaine événementielle de plus en plus populaire, le mot d’ordre rencontre un faible écho parmi les entreprises allemandes.
L’image de Metz n’est pas encore ce qu’elle devrait être. Bien située entre Paris et Frankfort, verdoyante et agréable à vivre, la métropole offre aussi des compétences technologiques et des ressources humaines qui mériteraient d’être mises en avant.
Hervé Bauduin, directeur général de Claas France et nouveau président de l'UIMM Lorraine
Plusieurs générations de cadres
Au cours des cinq dernières années, le technopôle de Metz a successivement accueilli plusieurs équipements de recherche-développement de dimension européenne, dont le potentiel reste encore méconnu. Emanation de Georgia Tech Lorraine, l’institut Lafayette multiplie les brevets sur des technologies de rupture, notamment dans le domaine de l’automobile. Le CEA Tech ouvre à l’industrie régionale la plate-forme Fflor, dédiée à l’usine du futur. L’IRT M2P revendique une centaine de partenariats avec le tissu local.
Plus connues, car ancrées sur le territoire depuis un quart de siècle, les grandes écoles messines, dont l’Enim, Centrale Supélec, Arts et Métiers ParisTech ou l’ESITC, ont fourni aux industries lorraines, allemandes et luxembourgeoises plusieurs générations de cadres et d’ingénieurs. La métropole messine, qui a longtemps tiré de sa position géographique son principal argument vis-à-vis de ses voisins allemands, compte à présent faire valoir ses nouveaux atouts.
A la recherche d’un positionnement idéal
Repreneur, en 1998, de l’usine Someflor à Florange, l’équipementier ThyssenKrupp Presta France recherchait avant tout un positionnement idéal au coeur des industries automobiles françaises et allemandes. Spécialisée dans les systèmes de direction, l’usine, qui compte aujourd’hui 1.200 salariés et 250 intérimaires, s’est muée en vingt ans en plate-forme pilote du groupe en matière de concepts technologiques et de management à la faveur d’un environnement accueillant.
Nous avons développé sur le territoire des compétences que nous partageons avec l’ensemble du groupe. Nombre de nos collaborateurs s’expatrient au siège de notre maison mère ou dans d’autres usines.
Philippe Wernoth, directeur général de ThyssenKrupp Presta France
L’entreprise s’est associée dès son lancement à la plate-forme Fflor du CEA Tech, dont elle utilise entre autres le banc de réalité virtuelle dédié à l’ergonomie. Elle participe également à la chaire de recherche industrielle d’Arts & Métiers ParisTech, inaugurée en mai dernier pour mettre au point des systèmes de production reconfigurables et performants.
La notion de qualité française
Leader mondial des systèmes d’essais sur matériaux, l’allemand ZwickRoell a transféré son siège social de Paris à Metz en 2011 pour assurer un haut niveau de service à ses clients historiques, notamment sidérurgiques, et pour développer le marché français. La densité du tissu économique, universitaire et scientifique messin a conforté la structure, passée de 27 salariés lors de son implantation sur le technopôle de Metz à 41 personnes désormais regroupées sur la nouvelle zone d’activité de Mercy.
Les acteurs locaux ont accès à nos experts de Metz et aux laboratoires de notre maison mère basée à Ulm, au Bade-Wurtemberg. Ces échanges leur permettent de suivre l’évolution des matériaux et composants et de valider de nouvelles solutions à haute valeur ajoutée.
Gauthier Basin, responsable Relations clients de Zwick France
Encore rares, ces exemples instillent peu à peu outre-Rhin la notion de qualité française et positionnent Metz comme gisement de compétences, voire comme point d’ancrage potentiel. La ville entend faire reconnaître ses atouts, notamment auprès des 400 étudiants allemands qui fréquentent son campus. Les obstacles restent nombreux – à commencer par celui de la langue, toujours bien réel. Les modalités de l’apprentissage et des stages transfrontaliers demeurent d’une redoutable complexité et les différences, les préjugés interculturels ont la vie dure. Mais l’industrie allemande, continuellement en recherche de personnel et de compétences de pointe, pourrait apprendre à en trouver chez son voisin messin.
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