Deuxième place financière d’Europe, le Grand-Duché compte devenir le leader des services financiers. Les fintech y trouvent un microcosme particulièrement accueillant.
Passé en trente ans de la sidérurgie à la finance, le Grand-Duché du Luxembourg s’est appuyé sur les fintech pour faire face aux nouvelles obligations de transparence et négocier le virage du numérique.
Lancée fin 2014, la stratégie Digital Lëtzebuerg n’avait pas pour objet d’attirer autant de start-up que possible, mais de les mettre au service d’une industrie financière déjà bien installée. Nous sommes parvenus à apprivoiser la fintech en lui fournissant un environnement technologique et juridique favorable.
Nicolas Mackel, CEA de l'agence de développement Luxembourg for Finance
Les 130 banques de la place, qui gèrent des actifs d’un montant phénoménal de 3.700 milliards d’euros, sont ouvertes à toutes les formes de coopération pour gagner en efficacité. Voici un mois, quatre d’entre elles – Post Luxembourg, la banque Raiffeisen, la BCEE et le groupe BGL BNP Paribas – ont créé une start-up commune, Luxhub, dotée d’un fonds de 4 millions d’euros. Sa vocation première consiste à aider ses fondateurs à franchir l’obstacle de la directive européenne PSD2, qui doit standardiser les procédures de paiement de la zone euro d’ici à septembre 2019.
Les banques n’ont pas envie de s’investir dans ce travail technologique et elles savent qu’elles économiseront beaucoup d’argent en mutualisant cet investissement. Au-delà de la PSD2, le domaine de la sécurisation des paiements nous ouvre des perspectives mondiales.
Jacques Pütz, CEO de Luxhub
Ouverte à toutes les banques européennes, la plate-forme emploie 10 développeurs représentant six nationalités.
Cryptomillionnaires et grandes fortunes
Fondée en août 2017 par les créateurs de plusieurs autres sociétés, dont Digicash, Finologee a saisi l’occasion du sommet ICT Spring le mois dernier pour annoncer son partenariat avec Clearstream, Deutsche Börse et Figo dans la constitution d’une nouvelle fintech. La plate-forme permettra aux start-up et aux professionnels de la finance de mutualiser des applications agréées par le régulateur.
Les banques luxembourgeoises ont commencé très tôt à travailler avec les start-up. Les garanties réglementaires permettent aujourd’hui l’émergence de partenariats directs.
Jonathan Prince, cofondateur de Finologee, qui emploie 16 développeurs
Spécialiste de la traçabilité du bitcoin, ScoreChain propose depuis 2015 ses services aux banques privées, mais aussi aux cabinets d’audit et à la police.
Nous avons pour clients les cryptomillionnaires qui veulent placer l’argent de leurs plus-value, et des grandes fortunes qui souhaitent exposer une partie de leurs fonds en cryptomonnaie.
Laurent Kratz, cofondateur de ScoreChain
La start-up de 10 salariés basée à Belval, à la frontière française, détecte l’origine des fonds, les éventuels passages par le darknet ou la présence de composantes frauduleuses.
Déjà riche de 130 fintech spécialisées dans le paiement, l’assurance, la cybersécurité, le fundtech ou les cryptomonnaies, le pays multiplie les incubateurs pour densifier ses compétences. Inaugurée voici un an, le Lhoft (Luxembourg House of Financial Technology) accueille déjà 25 start-up, dont la première implantation hors de France du Village by CA, l’incubateur du Crédit Agricole.
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