Dix ans après l’annonce de sa fermeture, l’ancienne Base aérienne 128 renvoie encore à l’agglomération messine à des souvenirs douloureux. Mais la vaste emprise rebaptisée plateau de Frescaty révèle un potentiel économique et naturel considérable.
Base aéronautique de l’armée française depuis 1918, l’ex-BA 128 a repris le nom de plateau de Frescaty – qu’elle portant déjà sous le règne de Charles Quint – tant pour changer d’image que pour atténuer une double meurtrissure dont le souvenir reste tenace. En 2008, l’annonce impromptue de la fermeture de la base, où travaillaient 2 600 personnes, a été vécue comme une profonde injustice. L’implantation, six ans plus tard, de la société Ecomouv, censée superviser l’implantation de l’Ecotaxe, aurait plus panser la plaie. Mais le projet, qui prévoyait la création de 400 emplois, a tourné au fiasco et les 157 premiers salariés ont été licenciés.
Metz Métropole ne pouvait se résigner à voir cette vaste emprise de 400 hectares comportant 120 bâtiments retourner à l’état de friche. En 2015, la collectivité a lancé un concours européen d’architecture et d’urbanisme pour lui redessiner un avenir. Le cas d’école a inspiré 35 candidats, qui ont tous souligné les atouts naturels de cette mosaïque de champs et de forêts réparties sur Marly, Augny et Moulins-les-Metz, toutes trois contigüe à Metz. Le projet retenu laisse une large place à l’agriculture, aux filières courtes et au recyclage – à commencer par celui des matériaux issus de la déconstruction d’une trentaine de bâtiments.
Notre priorité consiste à retrouver les 2 600 emplois perdus. A plus long terme, nous souhaitons rattacher le plateau de Frescaty à la ville et le transformer un lieu de vie ouvert et attractif.
David Richard, responsable des projets urbains et zones d’aménagement de Metz Métropole
La collectivité a programmé un investissement de 39 millions d’euros, dont 8 millions d’euros sont déjà engagés, pour lancer l’urbanisation des sites les plus stratégiques. Rachetée par deux investisseurs locaux, la Résidence du général se convertira l’an prochain en hôtel-restaurant haut de gamme. L’ancienne base vie, qui s’étend sur 25 hectares viabilisés, accueille depuis 2016 le centre d’appels de Tessi, qui emploie 180 salariés dans les anciens locaux d’Ecomouv. Le groupe de construction local Gocel a regroupé 250 salariés dans quatre bâtiments de la Zac. A l’est, la zone Saint-Privat abrite un pôle d’économie sociale et solidaire regroupant un Esat qui emploie 80 travailleurs handicapés, ainsi que les implantations du Secours populaire et de la Croix rouge. L’agrobiopole qui traverse le plateau sur 70 hectares croît plus lentement que prévu et n’accueille pour l’heure que les apiculteurs du pays messin. Jouxtant la zone commerciale Actisud, la partie sud pourrait regrouper des activités logistiques.
Avec 600 personnes travaillant d’ores et déjà sur le plateau et 1 500 emplois prévus en 2020, la reconversion de l’ancienne base militaire paraît bien engagée – même si ses bâtiments les plus emblématiques, tels l’immense mess mixte qui servait chaque jour 3 000 repas ou le hangar H 17 de 6 000 mètres carrés, n’ont pas encore trouvé d’affectation. Un projet d’Aréna de 8 000 places a fait long feu. Mais le FC Metz engagera dès 2018 la construction d’un pôle sportif sur 32 hectares.
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