Le 30 septembre 2017, un enfant géant a fait ses premiers pas à Belval, avant de déambuler en fanfare dans le Pays-Haut val d’Alzette. Assemblée brin à brin par les habitants d’un même bassin de vie, la marionnette en osier de 7 mètres de hauteur renforce la coopération transfrontalière dans le cadre de la candidature d’Esch-sur-Alzette au statut de capitale européenne de la culture en 2022.
Cheffe du projet Culture de la communauté de communes Pays-Haut Val d’Alzette , Isabelle Chaigne revient sur la naissance de Piot, géant enfantin porteur de la mémoire d’un territoire et de ses rêves d’avenir.
Jusqu’où la Compagnie l’Homme Debout a-t-elle poussé la dimension participative du spectacle “Piot, le roi des cheminées” ?
Le spectacle a impliqué les habitants dès la construction de l’acteur en osier et dans la conception même de l’histoire. En mai et juin dernier, 800 personnes, collégiens et adultes, ont participé aux ateliers organisés à Villerupt, Audun-le-Tiche, Ottange et Sanem (Luxembourg), en apportant au moins un brin au géant. Un nombre équivalent d’écoliers ont participé aux ateliers en apportant à Benoît Mousserion, directeur artistique de la compagnie l’Homme Debout, les souvenirs et anecdotes qui lui ont permis de construire l’histoire. Piot n’existait pas avant d’arriver à Villerupt et l’idée même du roi des cheminées est née dans une école primaire. La compagnie a apporté son expérience dans la construction du géant, les compétences de ses marionnettistes et la création des décors : durant une semaine, 14 personnes sont venues baliser l’itinéraire de cheminées fumantes – ou ne fumant plus – et d’objets symboliques cités par les habitants.
La compagnie a ainsi perçu des éléments forts de l’identité du territoire, tels l’ancienne frontière entre la Moselle et la Meurthe-et-Moselle, la mémoire ouvrière, la vision de l’avenir, en mêlant continuellement réalité et virtuel. Parmi les 3 000 spectateurs qui ont assisté à la déambulation, personne ne s’est dit simplement content. Certains d’entre eux pleuraient, tous parlaient d’un spectacle magnifique et poignant.
Où se trouve Piot à présent ?
Il est démonté et entreposé dans nos locaux. Les habitants l’appellent déjà “notre Piot”. Il refera son apparition en mars 2018, lors de la pose de la première pierre du Pôle culturel de Villerupt. Il sera peut-être statufié et posé en fronton du bâtiment, mais il peut connaître un autre avenir. On peut imaginer d’autres histoires autour de cet enfant géant, et peut-être même d’autres enfants géants de l’autre côté de la frontière. Piot symbolise l’histoire, mais aussi l’avenir. Il peut incarner la solidarité et le partage avec d’autres enfants. Il a déjà démontré, lors du spectacle, qu’il suffit parfois de pas grand chose pour que les choses fonctionnent, que des gens divisés se découvrent unanimes.
A l’heure où le Luxembourg soutient la candidature d’Esch comme capitale culturelle de l’Europe en 2022, Piot est-il annonciateur d’une nouvelle phase de la coopération culturelle transfrontalière ?
C’était en tout cas son intention. Il y a eu quelques bugs, mais cela ne m’inquiète pas. Notre géant en osier ouvre une piste de coopération au projet Esch 2022. La CCPHVA est le seul territoire français impliqué dans cette candidature. Dans ce cadre, le transfrontalier n’est ni une question, ni une option : c’est une nécessité, une évidence. Sans coopération transfrontalière, le projet “Esch, capitale cultuelle de l’Europe en 20222 ne fonctionnera pas.
Propos recueillis par Pascale Braun
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