Natif de Meurthe-et-Moselle, Patrick François, directeur de cabinet du président du conseil régional de Lorraine Gérard Longuet (1995) puis chef de cabinet du ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy (2004), a intégré le groupe Caisse des Dépôts en 2005. Nommé en janvier 2016 directeur du Grand Est, il imprime à l’institution bicentenaire une marque résolument territoriale et transfrontalière.

La coopération transfrontalière entre-t-elle dans le champ de compétence du groupe Caisse des Dépôts ?

Il s’agit d’une ambition nouvelle. Investisseur aux côté des collectivités locales depuis 200 ans, le groupe Caisse des Dépôts accompagne également les grandes entreprises à l’international, mais reste pour l’heure peu présent aux frontières. Cette absence tient essentiellement au manque d’outils européens adaptés à la coopération. Mais un directeur lorrain  et ancien directeur du groupe en Alsace ne peut se montrer insensible à l’environnement immédiat du Grand Est. La région s’inscrit dans un cœur très dynamique de l’Europe que l’on appelait naguère la Banane bleue. Il ne faut pas s’interdire de s’inscrire dans cette continuité. Nous accompagnerons les collectivités dans leurs projets transfrontaliers. Dès mon arrivée à la direction Grand Est, j’ai territorialisé l’action de nos équipes pour la placer au plus près du terrain et des frontières.

Sur quelles thématiques le groupe Caisse des Dépôts est-il déjà présent ?

Nous intervenons essentiellement dans le domaine de la mobilité, soit directement, soit par le biais de nos filiales. Le Groupe Caisse des Dépôt cofinance les extensions de tramways entre Strasbourg et Kehl et entre Saint-Louis et Bâle. Notre filiale Transdev a été retenue dans le cadre d’un groupement d’assistance à l’exploitation du futur tramway de Luxembourg-ville. Le groupe d’ingénierie Egis, également filiale du groupe, intervient dans des projets sarrois.

Le Groupe accompagne plusieurs autres projets transfrontaliers dont  Eucor Entrepreneurship porté par le campus européen Eucor basé à Strasbourg. Le Groupe et la Banque européenne d’investissement ont conclu en octobre dernier un partenariat d’un montant global de 150 millions d’euros dans le cadre de l’opération Campus. J’ai trouvé touchant l’engagement des professeurs et des étudiants. Cinq universités européennes s’ancrent au cœur de l’un des foyers mondiaux du médicament et s’impliquent dans l’industrie la plus sophistiquée qui soit. Il s’agit là d’un travail remarquable sous lequel il faut pousser les feux.

Quels nouveaux projets seriez-vous susceptible de cofinancer ?

Nous nous intéressons aux nouvelles coopérations transfrontalières européennes et notamment à celles qui émergeront dans le cadre de la l’Université de la Grande Région.  Nous sommes tout disposés à accompagner de nouveaux projets de mobilité ou d’aide au télétravail si les collectivités s’y impliquent. J’espère également assister à l’émergence de projets hospitaliers transfrontaliers : ils sont réalisables, comme l’a démontré l’ouverture de l’hôpital de Cerdagne sur le versant espagnol des Pyrénées en 2014. Le groupe Caisse des Dépôts constitue par ailleurs un acteur important du déploiement du Très haut débit en Alsace et dans le Grand Est et pourrait accompagner ce saut technologique à l’échelle transfrontalière.

Existe-t-il des homologues du groupe Caisse des Dépôts dans les pays limitrophes du Grand Est ?

Nous avons su signer des accords bancaires à l’international, il n’y a pas de raison pour que nous ne travaillions pas avec des investisseurs fiables à nos frontières ! Nous avons déjà identifié des partenaires potentiels telle la banque publique d’investissement KfW. Je suis convaincu que nous parviendrons à travailler avec des banques suisses, belges ou luxembourgeoises.  Nous étudions la constitution d’un capital de fonds d’investissement à vocation régionale et transfrontalière. Il faut créer des outils pour aménager l’espace interstitiel entre pays. Le bassin de vie est là. Le Grand Est n’exprimera son potentiel que s’il prend en compte son environnement européen.

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