Pourquoi avoir sollicité Harlem Désir, secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, pour obtenir la tenue à Metz de la conférence interministérielle franco-allemande du 6 juillet 2015 ?
Je souhaitais obtenir la reconnaissance de l’histoire de Metz dans la nouvelle coopération transfrontalière. Nous sommes franco-allemands, et nous le disons de plus en plus fort. Je suis le premier maire de Metz à avoir donné des noms de rues à des personnalités allemandes, sans avoir rencontré d’opposition particulière. La candidature de Metz au patrimoine de l’Unesco s’appuie à la fois sur la ville française construite par Belle-Isle et sur le quartier impérial construit par Guillaume II. Depuis l’Annexion, nous avons l’Allemagne en héritage.
Comment la coopération transfrontalière se traduit-elle pour la ville de Metz ?
La Moselle compte 150 entreprises allemandes, dont 31 à Metz, où elles emploient 1 700 salariés. Le WTC Metz-Sarrebruck est l’un des rares, si ce n’est le seul centre d’affaires binational de ce réseau d’affaires. L’Université lorraine et les grandes écoles de Metz proposent une cinquantaine de doubles cursus dont 30 doubles diplômes. Metz est la deuxième ville d’accueil d’étudiants allemands après Paris. La coopération économique s’inscrit également dans une problématique nouvelle : l’Allemagne a grand besoin de main d’œuvre et espère en trouver une partie en Lorraine.
Quel rôle les réseaux de villes jouent-ils dans la coopération ?
Le réseau Quattropole, dont Metz fait partie aux côtés de Sarrebruck, Trèves et Luxembourg, s’est implanté dans la nouvelle Maison de la Grande Région à association de droit allemand, s’implantera dans la nouvelle Maison de la Grande Région à Esch-sur-Alzette. Cette association de droit allemand organise des échanges techniques et juridiques et permettra peut-être aux quatre villes d’aller chercher de l’argent à Bruxelles. La toute récente labellisation de Lor’N’Tech s’appuie aussi sur la coopération des villes. Elle repose sur les compétences du Sillon lorrain, mais aussi sur celles de Luxembourg et de Sarrebruck. Pour une fois, la participation de villes frontalières a été perçue comme un atout et non pas comme un handicap.
Avez-vous le sentiment que la Grande Région, qui est longtemps restée au stade du « machin », entre dans une phase de concrétisation tangible ?
Sans doute, notamment grâce à l’engagement d’universitaires qui jouent leur carrière sur le transfrontalier. Par ailleurs, nécessité fait loi – notamment en matière d’échanges économiques et de main d’œuvre. Les frontières vont s’atténuer, mais les logiques nationales restent fortes.
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