Le 12 mai 2015, le séminaire de clôture du projet Elec’tra dédié à la mobilité transfrontalière a permis aux politiques de la Grande Région d’exposer leur attentes en matière de déplacements vers le Luxembourg. Les e-Hubs permettant d’accéder aux transports en commun grâce à des véhicules électriques pourraient désengorger un trafic de plus en plus saturé, mais les solutions ne seront pas exclusivement technologiques.
Les déplacements quotidiens et hebdomadaires des quelque 160 000 navetteurs français, sarrois et rhénans-palatins travaillant au Luxembourg n’avaient jamais été analysés. Lancé en 2012, le projet Elec’tra porté par les fonds européens Interreg IV a tenté de pallier cette carence et d’esquisser des réponses technologiques à l’engorgement des infrastructures de la Grande Région. Les experts, qui ont étudié les flux au long des axes Metz-Thionville-Luxembourg, Trèves-Luxembourg, Merzig-Luxembourg et Forbach-Sarreguemines-Sarrebruck, préconisent la mise en place de e-Hubs. Ces nouvelles plates-formes multimodales mettraient des véhicules électriques à disposition des navetteurs pour leur permettre d’effectuer les premiers kilomètres jusqu’aux gares routières ou ferroviaires, puis les derniers kilomètres qui les séparent de leur lieu de travail. Complexes, ces solutions contribueraient à soulager le trafic ainsi que les émissions de CO2 des voitures particulières.
Elec’tra pose beaucoup de questions et ouvre de nombreuses possibilités, mais les grandes lignes du projet et de ses modalités restent à définir. C’est une affaire à suivre, et je suis curieux de savoir comment elle évoluera.
Karl-Richard Antes, directeur de division au ministère de l’Economie du Land de Sarre
Concerné par les déplacements pendulaires dans les secteurs de Forbach et de Sarreguemines, le Land partage avec ses voisins la conviction que la mobilité représente une condition primordiale pour l’essor du marché du travail frontalier.
La Wallonie, qui n’a pas participé au projet Elec’tra, programme du 16 au 22 septembre prochain la Semaine de la Mobilité durant laquelle plus de 70 communes proposeront aux citoyens des modes de déplacement alternatifs.
Nous sommes convaincus de la nécessité de relier la Grande Région aux grands axes ferroviaires européens, mais nous sommes tout aussi désireux d’améliorer le quotidien de nos concitoyens. La mobilité constitue un besoin criant à tous les âges de la vie, qu’il s’agisse de travail, d’études, de loisirs ou d’accès au soin..
Jean-Paul Detaille, ancien secrétaire général de l’institut de la Grande Région
Attaché au cabinet de René Collin, ministre wallon de l’Agriculture et du tourisme en charge de la représentation de la Grande Région, Jean-Paul Detaille confirme le souhait de la région belge de s’engager dans un éventuel programme européen élargi.
Ancien maire de Beckerich désormais secrétaire d’Etat au Développement durable et aux infrastructures, Camille Gira a remercié non sans malice les intervenants d’avoir travaillé à résoudre un problème luxembourgeois. Le Grand-Duché s’inquiète en effet non seulement des bouchons qui saturent ses routes de plus en plus tôt et de plus en plus longtemps, mais aussi du dépassement constant des taux de dioxyde d’azote admis en Europe. Le pays s’apprête à doubler la capacité de la ligne de chemin de fer Luxembourg-Bettembourg et annonce pour fin 2017 la mise en service d’un tramway 100 % électrique qui multipliera par quatre les capacités de transport de Luxembourg-centre au quartier d’affaires du Kirchberg.
Les solutions de mobilité seront technologiques, mais aussi fiscales et politiques. François Bausch, ministre des Transports, et moi-même sommes convaincus que le Luxembourg ne s’arrête pas aux frontières, mais s’étend jusqu’aux bassins de populations où nous trouvons notre main d’œuvre.
Camille Gira, secrétaire d’Etat au Développement durable et aux infrastructures du Luxembourg
Pilote du projet Elec’tra, la Moselle compte bien prolonger ce premier programme par un Elec’tra + élargi qui mobiliserait les fonds européens Interrerg V.
S’il fallait démontrer que la Grande Région existe, nous venons de le démontrer. Grand territoire de transit, nous avons besoin de grandes infrastructures, mais aussi de modes de transports complémentaires pour accompagner les déplacements pendulaires au quotidien. On nous parle d’hyper-région, mais il faut nous rassembler sur de petits territoires, sinon nous nous trouverons dans l’hyper-néant.
Patrick Weiten, président du conseil départemental de la Moselle
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