Priorité au rail ! Cette orientation du programme gouvernemental Mobil 2020 mobilisera quelque 2 milliards d’euros dans la prochaine décennie, pour désengorger la capitale, irriguer le territoire et améliorer les liaisons avec les pays voisins.
Modal Split 75/20 (ou partage modal) : maître-mot de la politique luxembourgeoise des transports, ce vocable abscons désigne l’ambition gouvernementale de réduire de 88 % à 75 % la part de la voiture dans les déplacements d’ici à 2020.
Au cours des trente dernières années, le pays a lourdement investi dans la création de routes et d’autoroutes. Les projections économiques et géographiques du grand-duché rendent indispensable un rééquilibrage de cet effort en faveur des transports publics.
Frank Reimen, conseiller de gouvernement première classe, chargé de la coordination générale au ministère des Transports
Adopté en 2006, le programme gouvernemental Mobil 2020 se traduit par une augmentation de 50 % du fonds du rail, qui progressera de 400 millions d’euros en 2008 à 600 millions en 2011. Le budget affecté à la route passera, au cours de cette même période, de 150 millions à 280 millions d’euros.
Tram léger à Luxembourg-ville
Les projets d’extension du réseau ferré portent à la fois sur une meilleure desserte du sud et de l’est du pays aux frontières française et belge, sur la mise en place d’un système mixte train-tram léger à Luxembourg-ville et sur l’optimisation de la ligne nord vers Ettelbruck. Luxembourg-ville, qui prévoit une progression de 41 % de sa population et de 35 % de son marché du travail à l’horizon 2020, a choisi un système combinant train classique et tram léger pour faire face à la perspective d’une augmentation de 50 % du nombre de trajets. La circulation devrait atteindre 745 000 déplacements quotidiens, dont 155 000 concerneront les travailleurs frontaliers.
Routes nouvelles
Placée sous maîtrise d’ouvrage du ministère des Travaux publics (dans l’attente d’un hypothétique ministère de la Mobilité, qui regrouperait les compétences liées à la route et au rail), la programmation des routes nouvelles n’a pas encore été validée. Rédigé par l’administration des ponts et chaussées en 2004, le « papier stratégique Route 2020.lu » prévoyait 104 km de routes nouvelles, soit une augmentation de 3,5 % du réseau national, alors que les prévisions tablent sur une progression de 30 % du trafic routier.
Quelques-uns des 31 projets évoqués dans ce document semblent en passe de validation. Ainsi, la « Nordstad », composée de six communes tournées vers l’Allemagne, sera desservie par un axe central visant à fluidifier les trajets entre Diekirch, Ingeldorf et Ettelbruck. Les voies de bus créées sur des terrains urbanisés permettront à terme la circulation d’un tramway. La route du nord et la tangente ouest entre Capellen et Mersch devraient aussi voir le jour à moyen terme. Chaque projet routier intégrera des voies réservées aux transports en commun et aux liaisons douces.
Le grand duché, qui détient le record européen des trajets en automobile inférieurs à 2 km, se fixe en effet un Modal Split spécifique à ces déplacements courts : d’ici à 2020, 25 % d’entre eux devraient être effectués à pied ou à vélo. Luxembourg-ville a déjà fait un premier pas, en adoptant un Vélib.
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