Du tram-train à la renaturation des cours d’eau, l’Est mosellan panse les plaies issues de l’exploitation charbonnière et lie son avenir à celui de la Sarre voisine.
En cours d’adoption, le Schéma de cohérence territoriale (Scot) du Val de Rosselle fixe les projets d’urbanisme, de transports, d’aménagement et de développement du territoire à l’horizon 2020.
Premier Scot validé en Moselle, le document synthétise le diagnostic et les projets d’un territoire compact de 174 000 habitants regroupant la communauté d’agglomération de Forbach et les communautés de communes de Freyming-Merlebach, du Pays naborien et du Warndt. « Nous avons trouvé dans cette démarche une planche de salut pour redévelopper un territoire notoirement sinistré par l’arrêt de l’exploitation minière. Notre projet s’inscrit en concordance avec le Leidtbild sarrois et s’intègre à l’Eurodistrict Saar-Moselle », souligne Paul Fellinger, président du syndicat mixte de cohérence du Val de Rosselle.
Un habitat à concentrer
Lié au manque d’emploi qui incite les jeunes à quitter l’ancien bassin houiller, le déclin démographique se traduit par l’augmentation des logements vacants dans les centres villes, tandis que l’étalement urbain se poursuit dans les communes rurales. « Il faut requalifier et densifier l’espace central tout en limitant la dispersion de l’habitat. Les plan locaux d’urbanisme intègrent désormais cette donnée et concentrent les constructions neuves autour des noyaux urbains », note Cédric Kaczynski, ingénieur urbaniste du syndicat mixte et responsable de l’aménagement du territoire de la communauté de communes de Freyming-Merlebach. Cette collectivité lance la Zac de la Merle, nouvel espace central de 60 ha qui regroupera logements, commerces et habitat sur des friches industrielles.
Un tram-train à l’horizon
Parmi les handicaps du territoire figure la faiblesse des transports publics, qui se résument pour l’heure à des lignes de bus peu utilisées. Evoquée depuis une décennie, la prolongation du tram-train transfrontalier Sarrebruck-Sarreguemines sur une vingtaine de kilomètres permettrait de desservir Forbach, puis Freyming-Merlebach. Mandaté par l’Eurodistrict, le cabinet d’ingénierie strasbourgeois PTV remettra dans les prochains jours une première étude de faisabilité de ce projet onéreux, mais porteur. « Une ligne de transports collectifs ne vient jamais seule : elle déclenche dans son sillage des commerces, de l’habitat et des équipements », rappelle le paysagiste Alfred Peter, maître d’œuvre du Scot.
Des espaces verts à redécouvrir
Le riche patrimoine naturel du Val de Rosselle confère un potentiel touristique méconnu au territoire. L’Etablissement public foncier de Lorraine a achevé l’an dernier les travaux de renaturation de la Rosselle sur 7 km et la restauration de plusieurs zones humides caractérisées par la présence d’une espèce protégée, le crapaud pélobate brun. En continuité du parc naturel régional de Sarre, le Scot définit des trames vertes et planifie la renaturation des cours d’eau. Le document évoque également le développement d’une filière bois pour l’heure inexploitée.
A moyen terme, plusieurs projets d’envergure, tels la livraison imminente d’une usine de méthanisation à Forbach, le lancement du centre commercial Fare sur 29 000 m2 à Farébersviller ou encore, la création d’une deuxième Eurozone à Creutzwald après celle de Forbach, témoignent du dynamisme collectif de l’ancien bassin houiller. En revanche, le projet de Plateau technique unique, censé regrouper l’offre hospitalière sur la zone de Béning, reste en suspens. Le chantier d’un montant de 155 millions d’euros HT, dont 80 millions d’euros déjà provisionnés par l’Etat, fait les frais d’une âpre discorde entre le Pays naborien, opposé au projet, et les trois autres intercommunalités qui l’appellent de leurs vœux.
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