Franck Lefèbvre, DGS de Jarville-la-Malgrange, président de l’Union régionale de Lorraine et membre du bureau national du SNDGCT, revient, lors du Club RH du 20 mars 2014, à Villers-les-Nancy, sur les conditions de réussite d’un projet de mutualisation.
Lorsque vous relisez les conclusions de l’enquête conduite par le SNDGCT en 2012 sur le thème « La mutualisation, bilan et perspectives » pour analyser les perspectives actuelles, quels enseignements en tirez-vous ?
L’étude présentait la mutualisation comme un enjeu majeur pour les prochaines années. Deux ans plus tard, la démarche et les mentalités n’ont pourtant guère progressé. Seul le souci d’économie s’est fait plus pressant pour compenser les baisses drastiques imposées par l’Etat aux ressources des collectivités.
Dans quelle dynamique la mutualisation vous paraît-elle inscrite ?
La mutualisation à venir s’inscrit nécessairement dans un Acte III de la décentralisation. Les intercommunalité sont appelées à jouer un rôle croissant dans la réorganisation qui se profile aujourd’hui au travers du redécoupage des cantons, du projet de nouvelle carte des régions et d’une éventuelle absorption des départements par les métropoles.
Que diront les maires lorsque l’on envisagera sérieusement d’abandonner les communes au profit des intercos et des métropoles ? Lors de mes voyages en Asie, j’ai constaté à quel point notre organisation pouvait paraître anachronique. A quoi riment nos 36 681 communes, lorsque l’on voit qu’en Chine, une agglomération de 500 000 habitants apparaît comme un village ou que l’on apprend que le territoire de la ville de Pékin couvre une surface aussi vaste que celle de la Wallonie ?
Quelles conditions voyez-vous à la réussite d’une mutualisation ?
Le rapport de Stéphane Bussone, fruit d’un travail collégial au sein de la commission nationale management du SNDGCT, détaille les six facteurs clés d’une mutualisation bien menée : s’assurer de la volonté politique, communiquer sur la démarche, faire adhérer le personnel, rester pragmatique, prendre le temps nécessaire pour préparer son projet et agir avec précision.
Ces éléments ne sont que le début d’une mutation, voire d’une révolution qui ne peut s’envisager sans le rôle moteur du DGS. A défaut, la mutualisation risque d’engendrer des dégâts collatéraux au détriment des personnes et des collectivités. Loin d’alléger un millefeuille déjà fort indigeste, elle y ajouterait des couches, diminuerait les moyens des intercommunalités et leur ferait perdre en image.
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