Le 15 janvier dernier, le collectif nancéien d’architectes indépendants Gens est retourné sur les bancs de l’école nationale supérieure d’architecture de Nancy, dont sont issus quatre de ses cinq membres, pour offrir aux étudiants un aperçu d’une trentaine de projets souvent modestes, parfois inaboutis, mais toujours inventifs.
Constitué en 2009, le collectif composé de Mathias Roustang, Guillaume Eckly, Jean-Baptiste Friot, Sylvain Parent et Barbara Fischer forme l’une des équipes gagnantes des Albums des jeunes architectes et paysagistes (Ajap 2012) organisés sous l’égide du ministère de la Culture. Les cinq entreprises individuelles ont su créer une marque de fabrique caractérisée par la sobriété, la débrouillardise et l’inventivité.
De barre de logements nordiste au chai de vignoble mosellan en passant par la maison de campagne toulousaine, le collectif a relevé en quatre ans une cinquantaine de défis à budgets serrés (900 euros/m2 en moyenne) et à contraintes multiples.
Gens a ainsi édifié à Haraucourt (Meurthe-et-Moselle) une maison du sel longiligne aux façades de verre faisant office à la fois de vitrine et de miroir. Répondant à un projet de capitainerie « zéro budget, zéro délai » à Xures, dans ce même département, les jeunes architectes ont opté pour une simplicité radicale, récupérant des conteneurs usagés pour constituer un long édifice couleur de rouille parfaitement intégré aux lignes de la jetée.
Sollicités par une boîte de nuit nancéienne, ils ont créé un sol chamarré constitué de 24 nuances de chutes de dalles aussi spectaculaires que difficiles à poser. Pour réduire les budgets, les bidouilleurs enthousiastes savent convaincre des artisans spécialisés ou non, tels ces fabricants de fosses à lisier en béton sollicités pour créer des barrettes de béton servant d’auvent dans une maison de campagne. La réhabilitation thermique de l’école primaire Jean de la Fontaine sur le plateau de Haye à Nancy a donné lieu à un autre morceau de bravoure : le budget n’a permis d’isoler que la face nord du bâtiment et le toit et les enfants ont choisi eux-mêmes en forêt les arbres dont les poutres allaient constituer leur futur préau.
L’exercice en libéral se traduit en général par quelques belles années de galère financière
Jean-Baptiste Friot
Organisée ce 6 février à Nancy à l’initiative de la Ville et de l’Ecole d’architecture, la table ronde animée par le Moniteur reviendra sur les chances d’accès des jeunes talents à des commandes d’envergure.
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