François Hollande commencera son déplacement en Lorraine par une visite sur le site d’ArcelorMittal Florange, qui constitua un temps fort de sa campagne présidentielle en février 2012. Les hauts-fourneaux du site sont aujourd’hui définitivement éteints, mais la mobilisation régionale a permis d’atténuer la casse sociale, de pérenniser la filière froide et de conforter la recherche-développement. La visite de François Hollande vise à tourner la page de Florange et à inscrire le Pacte Lorraine dans le paysage économique régional.
Étrange timing que celui de la visite présidentielle en Lorraine. La venue de François Hollande était espérée le 8 juillet dernier, pour présenter le Pacte Lorraine porté par l’ensemble des acteurs socio-économiques régionaux. Elle a ensuite été évoquée pour le 8 octobre à l’occasion de l’inauguration du Mettis, le nouveau transport urbain de Metz. La visite présidentielle aura finalement lieu ce jeudi, une semaine après la signature à Matignon du pacte Lorraine et au lendemain de la présentation à l’Assemblée d’une « loi Florange » passablement édulcorée.
En revenant à Florange, François Hollande ne s’attend certainement pas à retrouver l’accueil triomphal que lui avaient réservé les ouvriers d’ArcelorMittal en février 2012, tandis qu’ils espéraient encore sauver le dernier haut-fourneau de Lorraine. La promesse du candidat socialiste, qui entendait obliger les industriels à céder les sites qu’ils souhaitaient fermer, a fait long feu. ArcelorMittal a confirmé en avril dernier l’arrêt de la filière liquide, enterrant au passage le projet européen Ulcos, qui devait mobiliser 150 millions d’euros pour faire de Florange la vitrine technologique d’un acier moins polluant.
Le site ArcelorMittal de Florange n’est pas mort pour autant et le bilan des 12 derniers mois n’est pas entièrement négatif. Certes, la fermeture de la filière liquide entraîne 680 suppressions de postes sur ce site de 3 000 salariés. Mais ArcelorMittal et l’intersyndicale ont conclu en juin dernier un accord excluant licenciements et mobilité forcée. Jugé acceptable par l’ensemble des parties, le compromis démontre la volonté de maintenir les compétences sidérurgiques sur le site mosellan et prévoit quelques dizaines de recrutements d’ici à 2015. ArcelorMittal a également respecté ses engagements dans la filière froide – la transformation de l’acier en produits à forte valeur ajoutée -, où il a d’ores et déjà injecté 109 des 180 millions d’euros d’investissements annoncés sur cinq ans. Enfin, le projet Lis (Low Impact Steel Making) présenté en avril dernier par le comité de suivi de Florange mobilisera 32 millions d’euros pour diminuer les émissions de CO2, mais aussi tenter de les valoriser. Selon l’hypothèse la plus optimiste, cette recherche, essentiellement portée par les laboratoires lorrains, permettrait à terme de redémarrer un haut fourneau à Florange.
L’implication des services de l’Etat dans ces avancées ne fait aucun doute, mais ni François Hollande, ni son gouvernement ne sauraient se prévaloir d’avoir réellement influé dans les décisions d’ArcelorMittal. La signature du Pacte Lorraine, qui affecte 300 millions d’euros à l’économie régionale et entérine la création d’une Vallée européenne des matériaux et de l’énergie, relève en revanche de la seule initiative politique. A l’issue de sa visite à Florange, le François Hollande se rendra à Metz pour présider une table ronde dédiée au Pacte, puis visitera la zone d’activité de Pompey (Meurthe-et-Moselle), emblématique de la reconversion post-sidérurgique.
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