La bibliothèque départementale de prêt (BDP) de la Moselle a fait le choix de renoncer aux tournées de bibliobus au profit de la mise en place d’une médiathèque qui assurera la desserte de 37 bibliothèques.
Centre logistique des 111 bibliothèques de la Moselle, la bibliothèque départementale de prêt (BDP) a ouvert le 26 janvier la médiathèque du pays de Nilvange. A la suite de la création de ce nouvel établissement, la BDP met fin à la desserte par les bibliobus et invite les communes à assurer elles-mêmes le transport des ouvrages.
Le bibliobus vaut 800 000 francs, coûte environ 20 francs au kilomètre, mobilise un chauffeur et un bibliothécaire et ne permet de véhiculer qu’environ 4 000 livres. A Nilvange, nous le remplaçons par un simple véhicule utilitaire qui coûte quatre fois moins cher à l’usage. Mais notre but n’est pas de faire des économies. Nous souhaitons au contraire investir davantage, tant en mobilier qu’en achat d’ouvrages.
Jean Buathier, directeur de la BDP
Le département n’a effectivement pas lésiné sur les moyens : il a subventionné à hauteur de 40 %, soit plus de 3 millions de francs, la transformation d’un ancien entrepôt de la sidérurgie en médiathèque et s’engage à consacrer chaque année un budget d’au moins 500 000 francs à l’acquisition de nouveaux livres. Desservant l’ensemble bassin sidérurgique mosellan, soit 37 bibliothèques du Pays Haut, des vallées de la Fensch et de l’Orne, la médiathèque de Nilvange disposera dès son ouverture de 34 000 ouvrages.
Impliquer les communes
Il n’est pas question que le département assume seul les efforts d’aménagement culturel du territoire. Les communes accueillant les bibliothèques relais s’engagent à venir s’approvisionner en livres par leurs propres moyens.
Jean Buathier
Les maires ont réagi favorablement, en dépit des contraintes : le nouveau système offrira aux lecteurs de ces villes de moins de 10 000 habitants un choix d’ouvrages beaucoup plus vaste qu’auparavant. Le rythme des dessertes reste dans l’immédiat de 3 passages par an, comme à l’époque des bibliobus, mais doit s’intensifier au cours des prochaines années. La médiathèque de Nilvange constituera en outre un centre de formation de proximité pour les responsables de bibliothèques relais, assurant un tiers des 600 journées de formation actuellement dispensées au siège messin de la BDP. Celle-ci affecte un assistant territorial qualifié de conservation des bibliothèques catégorie B et un agent du patrimoine de catégorie C au fonctionnement de la médiathèque.
Le principe de logistique et de formation des BDP est plus ou moins admis dans les grandes villes, mais pas dans les petites. En ce sens, Nilvange pourrait constituer un modèle pour la nouvelle philosophie de la desserte des publics ruraux.
Jean Buathier
La médiathèque a généré l’embauche de cinq bibliothécaires réparties entre le département et la mairie. Elle constitue une exception administrative : le directeur de la médiathèque, Michel Colnot, est un bibliothécaire municipal qui n’entretient aucun lien de hiérarchie avec Jean Buathier, directeur départemental.
Le pari peut sembler risqué, d’autant que les conditions et horaires de travail diffèrent en fonction des entités territoriales. Mais cette dualité constitue à mes yeux une garantie de volontarisme. Je compte sur nos cinq nouvelles recrues soudées autour d’un projet commun pour nous faire remonter les desiderata des usagers. Elles seront placées en permanence devant le défi de répondre aux demandes les plus pointues.
Jean Buathier
La région dévoile les trésors des bibliothèques lorraines
Le groupe Lorraine de l’Association des bibliothécaires français lancera en avril l’exposition « Trésors des bibliothèques de Lorraine ». L’opération, préparée depuis deux ans, mobilise 2 millions de francs et constitue une première nationale.
D’autres régions ont organisé des expositions, mais dans un lieu unique. Nous avons préféré faire circuler les œuvres dans les quatre chefs-lieux de la région. Cette volonté soulève des difficultés d’organisation, mais nous espérons sensibiliser ainsi les élus et la population à l’existence d’un patrimoine écrit rare, précieux et fragile.
Pierre Louis, directeur de la médiathèque de Metz
Deux cent cinquante pièces choisies parmi les fonds des bibliothèques municipales de Bar-le-Duc, Commercy, Epinal, Lunéville, Metz, Nancy, Pont-à-Mousson, Remiremont, Saint-Dié, Saint-Mihiel, Toul et Verdun seront successivement exposées à la chapelle des Cordeliers de Nancy, au musée du Barrois de Bar-le-Duc, au musée départemental d’Epinal et à l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains de Metz. L’exposition partira également à Sarrebruck en 1999 à l’occasion des fêtes du millénaire de la ville. Le terme de trésor n’est pas usurpé : parmi les pièces exposées figurent le bréviaire de Renaud de Bar, évêque de Metz en 1302, propriété de la bibliothèque municipale de Bar-le-Duc, déjà exposé à Londres et à Paris ; le psautier d’heures gothique de la bibliothèque municipale de Metz, classé trésor national, ou encore, l’évangéliaire de Remiremont, évalué à 10 millions de francs.
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