Le district confie la gestion de ses déchetteries à d’ex-SDF. En partenariat avec Emmaüs.
Au lieu de déléguer la gestion de nos six déchetteries à un opérateur privé, nous avons choisi d’en assurer le fonctionnement en partenariat avec Emmaüs. Le coût de la gestion reste identique et la démarche présente une incontestable plus-value sociale.
Jean Michels, secrétaire général du district de Forbach (83 000 hab., Moselle)
La gestion des déchetteries par d’anciens SDF résulte d’un processus initié en 1997 par le groupement d’intervenants sociaux (GIS) de la ville (lire encadré). Réunissant des représentants du centre communal d’action sociale, du centre médico-psychologique, de la police, des pompiers et d’Emmaüs, cette structure atypique est partie à la rencontre des quelque 40 sans-abri que comptait alors la ville frontière mosellane.
Une aide globale
Les infirmiers travaillent dans un système où l’on a tendance à “psychiatriser” la misère. Les services sociaux voient généralement les sans-abri comme des quémandeurs. Les policiers les connaissent principalement par le biais des cellules de dégrisement. En allant à la rencontre des exclus, les membres du GIS ont compris la nécessité d’une aide globale. De leur côté, les sans-abri sont peu à peu sortis de leur méfiance. La confrontation a transformé des relations jusqu’alors figées.
Jean-Luc Ferstler, directeur de la communauté Emmaüs de la ville
La communauté a assuré un premier hébergement d’urgence, tandis que la ville engageait la construction de logements sociaux en partenariat avec l’OPHLM.
Sortir de la logique d’échec
Le retour au travail de personnes présentant de lourdes difficultés d’insertion ne pouvait s’effectuer rapidement.
Certains s’avéraient incapables d’arriver sur un lieu de travail à jeun. Dans un premier temps, nous les avons aidés à travailler sur place.
,Jean-Luc Ferstler
Le district intervient dans une seconde phase, lorsque la personne est sortie d’une logique d’échec.
Le travail de gardien de déchetterie consiste à accueillir les usagers, à superviser l’entreposage des déchets et à veiller au taux de recyclage, fixé à 85 % des matières apportées. Il ne s’agit pas d’un poste durable, mais d’un travail de transition avant de retourner à un emploi non aidé.
Jean Michels
Emmaüs programme pour l’an prochain la création d’une entreprise d’insertion afin de pérenniser un système qui s’avère concluant. Sur neuf employés des déchetteries, six sont parvenus à assurer leur mission et quatre d’entre eux ont engagé des formations complémentaires. Trois ans après la constitution du GIS, Forbach affirme ne plus compter de sans-abri.
Le groupe d’intervention sociale poursuit son action
En 1996, la municiapalité de Forbach organise des états généraux des sans-abri, réunissant les associations de commerçants, la police, les services sociaux de la ville, le centre médico-psychologique, Emmaüs et les représentants des foyers d’hébergement d’urgence. L’initiative débouche sur un arrêté interdisant la mendicité et la consommation d’alcool en centre-ville, mais aussi sur la constitution du groupement d’intervention sociale (GIS) qui part à la rencontre des sans domicile fixe.
Plutôt que de créer une structure de toutes pièces, nous avons préféré nous appuyer sur des institutions existantes et expérimentées. La coopération entre policiers, infirmiers et services sociaux ne s’est pas passée sans heurts, mais chacun a fini par trouver ses marques.
Jean-Jacques Adam, directeur du CCAS de Forbach
En l’espace de cinq ans, Forbach est parvenue à reloger la quasi-totalité des sans-abri, mais le GIS perdure de manière informelle. Les contacts entre ses membres se renouent ponctuellement, notamment lorsque la ville se trouve confrontée à des regroupements de jeunes toxicomanes.
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