La tentation de Compostelle

DGS de la Moselle et fondateur de l’Association nationale des DGS et DGA, Lionel Fourny s’est imposé par une détermination sans faille.

Un énarque parisien qui a choisi la province, un homme de Bercy devenu une tête pensante de la territoriale, un homme à poigne qui cache ses qualités de coeur… La haute stature de Lionel Fourny, directeur général des services­ (DGS) de la Moselle, abrite un caractère complexe, forgé par le sens des responsabilités et du devoir. En 1993, lors de l’entrée en fonction de Lionel Fourny, les services de la collectivité présentaient des carences en informatique, des lacunes en management et une organisation peu propice à l’accomplissement de grands chantiers.

Dix ans plus tard, alors qu’il lui remet la légion d’honneur, Philippe Leroy, président du conseil général, salue ses efforts, dépassant la simple mise à ­niveau. La Moselle a mis en place l’un des systèmes intranet les plus performants de France et a anticipé en matière de gestion financière et de ressources humaines. Pionnier en ­matière de dématérialisation, le département a également mis en place une politique ambitieuse en matière de routes, de muséographie et de communications à haut débit.

Tambour battant. Homme des grands dossiers transversaux, Lionel Fourny a imposé dès son arrivée au conseil général sa vision du fonctionnement des services, sans ménager les susceptibilités et les « chasses gardées ».

J’ai certainement été perçu comme un homme très dur, froid et brutal. Mais je suis attaché aux notions de justice, d’équité et d’humanité.

Au fil des chantiers menés tambour battant, ses collaborateurs ont peu à peu découvert en leur patron un homme exigeant, mais compréhensif et capable d’humour.

Outre mon rôle de mari, de père de famille, de ­citoyen et de travailleur, je suis un “Cherchant”>cherchant, passionné par l’origine et la finalité de l’existence. Les valeurs et principes qui me sont chers ­s’appliquent à ma vie professionnelle et personnelle.

L’homme à poigne est devenu patient et s’est adjoint les services d’un cabinet pour accompagner sa politique managériale.

Un tiers est souvent utile pour observer comment une relation se construit ou se déconstruit. Or le management fondé sur la seule autorité ne fonctionne plus. Pour être efficace, il faut savoir écouter, parler vrai, adopter des démarches participatives et explicatives.

Contes de Grimm. Impressionné par l’expérience des ­pèlerins de Compostelle, l’homme fort du département sait qu’il prendra la route un jour ou l’autre. Pour l’heure, le président de l’Association nationale des directeurs généraux et directeurs généraux adjoints des régions et des départements ­(ANDGDGARD) analyse les enjeux de l’acte II de la ­décentralisation et veille à anticiper chaque difficulté dans sa ­propre collectivité.

Sentinelle lucide de la territoriale, il analyse les mutations qui contraindront les collectivités à concilier pression budgétaire accrue et obligation de résultat. Mais il trouve aussi matière à réflexion dans les essais philosophiques, les anticipations géopolitiques ou la symbolique des contes de Grimm.

J’ai trop de responsabilités pour partir demain, d’autant qu’un voyage à Compostelle constitue une rupture professionnelle et personnelle. On ne sait pas quand on reviendra et l’on n’est jamais le même homme au retour. Mais j’aspire à cette aventure depuis plusieurs années.

affirme le meneur d'hommes, toujours en quête de sens.

Ses conseils

Evaluer. Au-delà du contrôle, ­il faut savoir admettre les erreurs d’autrui et les siennes. Que l’on soit élu ou fonctionnaire, il arrive que l’on n’ait pas fait ce qu’il fallait.Comprendre. Le système de management existant s’est forgé en fonction de mécanismes dans lesquels les egos individuels et collectifs tiennent souvent une grande place.Maîtriser. Mon devoir consiste à organiser une force de proposition, puis à mettre en oeuvre les politiques choisies. Je faillirais à ma mission si je ne donnais pas aux élus les moyens de maîtriser leur politique.

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