L’enfance au coeur

Directeur de l’enfance, de la famille et de la jeunesse en Meurthe-et-Moselle, Jean-Paul Bichwiller orchestre une réflexion nationale sur les droits de l’enfant.

«Je n’aurais pas imaginé faire autre chose. »

Jean-Paul Bichwiller, passionné par son métier, aime les échanges professionnels et ne se sent nulle part plus heureux qu’en Lorraine. Il fait donc carrière en Moselle, puis en Meurthe-et-­Moselle. Ses convictions, sa force de proposition et la rigueur de sa réflexion le conduisent toutefois à initier des réseaux nationaux, à animer des colloques et à organiser des formations qui font date dans la profession.

De sa participation, en 2000, au groupe de travail présidé par Pierre Naves, sur la protection de l’enfance et de l’adolescence, aux Assises nationales de la protection de l’enfance d’Angers (2006) et de Besançon (2007), Jean-Paul ­Bichwiller creuse inlassablement les pistes de ­réflexion liées à ce secteur, qu’il s’agisse de l’accompagnement des adolescents, de la prévention des difficultés éducatives ou de la place des parents.

Détermination sans faille

« Peu de gens ont conduit toute leur carrière sur le même thème avec autant de courage et de détermination », estime Jean-Marc Lhuillier, professeur de droit social à l’Ecole nationale de santé publique de Rennes et organisateur d’un colloque de formation sur la protection de l’enfance en avril dernier.

L’action qu’a menée Jean-Paul Bichwiller dans son conseil général, avec le soutien de son président, constitue un laboratoire passionnant pour les départements de France et mériterait un colloque à elle seule.

Jean-Marc Lhuillier

Jean-Paul ­Bichwiller, pour sa part, semble redouter plus que tout le rôle de tête d’affiche :

Je ne peux pas dire “je”. C’est en s’appuyant sur des collaborateurs de grande valeur que les services d’aide à l’enfance du département se sont restructurés.

Jean-Paul ­Bichwiller

Faisant aujourd’hui figure de référence sur le plan national, l’organisation des services d’aide à l’enfance de Meurthe-et-Moselle, basée sur la restructuration des gros établissements, une territorialisation renforcée, la mise en place d’accueil de jour et de lieux de vie novateurs, ne s’est pas effectuée sans heurts. Confronté aux oppositions politiques et aux conflits sociaux, Jean-Paul Bichwiller a affiché une détermination sans faille.

Certains nous voyaient comme une administration qui paye. Je leur ai opposé l’idée d’une administration qui pense. L’aide sociale à l’enfance constitue une victoire de la République sur les anciennes pratiques de charité. Cette obligation de service public consiste à répondre le mieux possible à la diversité de l’humain. Ce n’est pas parce que nos établissements et nos services ont plus de capacité qu’ils sont plus performants ! La compétence repose dans notre capacité à individualiser les réponses pour venir en aide à des gens qui ne vont pas bien.

Analyse et humanité

D’allure simple et enjouée, le cadre territorial énonce avec brio son analyse de l’évolution de l’aide à l’enfance au cours des dernières décennies – étayée par la lecture d’ouvrages de sciences humaines et la rédaction de nombreux articles sur l’incidence de l’acte II de la décentralisation sur la protection de l’enfance ou la nécessaire clarification entre les associations et la puissance publique. Nulle trace de pédanterie, pourtant, chez cet homme de contact qui espère bien ne ­jamais perdre de vue les répercussions de ses actes sur l’enfant en tant qu’individu.

« Mille choses peuvent nous couper de l’essentiel. Or la capacité d’analyse ne doit pas occulter l’humanité. N’oublions pas qu’une rencontre peut changer le cours de la vie d’un enfant », rappelle ce père de famille épris de nature, qui trouve dans ses promenades dans la campagne meusienne matière à entretenir « l’amour et le respect des êtres vivants ».

L’aide sociale à l’enfance constitue une victoire de la République sur les anciennes pratiques de charité.

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