Voie publique

Patrice Baille dirige la brigade de nuit de la police municipale de Metz. Il met sa passion du droit et de la sécurité au service d’un métier encore neuf.

Le 18 janvier 2008 à l’Institut régional d’administration de Metz (127 500 hab., Moselle), André Santini, secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, est venu présenter les objectifs gouvernementaux en matière de mobilité. A l’heure des questions, un jeune homme, calme et courtois, se présente:

Patrice Baille, cadre de la police municipale de Metz chargé des équipes de nuit, titulaire d’un DESS de sciences politiques, ancien directeur des ressources humaines chez ­McDonald’s. Monsieur le secrétaire d’Etat, il est aujourd’hui impossible à un policier municipal de demander un détachement dans la police nationale, en dépit des ressemblances entre les deux métiers. La réforme en cours prévoit-elle ce décloisonnement ?

Pris de court, un collaborateur du ­secrétaire d’Etat laisse entendre, dans un long développement, que dans le cadre d’une fonction publique de métier, de telles passerelles pourraient être édifiées…

Expérience du privé

J’ai posé cette question parce que je m’intéresse beaucoup à l’évolution juridique et statutaire de la police municipale. Mais il ne s’agissait pas du tout d’un ­regret. Je me trouve très bien là où je suis, d’autant que la toute récente création d’un cadre A pour les directeurs de police municipale ouvre la possibilité d’une véritable carrière.

Une possibilité que le jeune policier ne tardera pas à exploiter. S’il passe ses nuits à sillonner les quartiers de Metz, il consacre aussi une bonne partie de ses journées à réviser son droit pénal en vue du concours. Depuis l’âge de 15 ans, ce fils de fonctionnaires a appris à adapter ses rêves à la réalité du terrain. En intégrant la section sport études de Troyes, option foot, il rêvait peut-être de passer pro, mais il s’est rapidement ravisé pour viser le métier de professeur de sports. Finalement, il opte pour le droit. Etudiant, Patrice Baille s’intéresse à l’histoire et aux relations internationales, se passionne pour les questions de défense internationale et consacre sa maîtrise au conflit du Kosovo. Dans le même temps, il travaille, à raison de vingt-cinq heures par semaine, au McDonald’s de Reims. Il garde, néanmoins, un excellent souvenir de cette période. Fort satisfaite de son employé polyvalent, désormais titulaire d’un DESS de sciences politiques, l’enseigne de fast-food lui propose un emploi de DRH à l’établissement de Troyes.

J’ai accepté parce que je cherchais du travail, mais aussi parce que je pressentais que cette expérience dans le privé pourrait faire la différence à l’heure de postuler à un emploi public. Car je ne comptais renoncer ni au service public, ni au droit.

Un regard neuf

Dès le début de ses recherches, Patrice Baille comprend que les recruteurs recherchent plus une expérience réussie dans la police municipale qu’un parcours universitaire ambitieux assorti d’une expérience professionnelle atypique. En 2005, il postule à la police municipale de Metz, qui entend justement réorganiser les emplois du temps de manière à augmenter le temps de présence des effectifs.

« C’est bien l’expérience de Patrice Baille, en dehors de la fonction publique, qui m’a intéressé. Il apportait un regard neuf sur notre structure. Outre ses compétences organisationnelles, c’est un homme de terrain apprécié par ses équipes pour son extrême rigueur. Avec lui, on sait que l’on restera toujours dans les clous.

Roger Hamm, responsable de la police municipale

Axée sur l’îlotage et la proximité, la nouvelle orientation de la ville en matière de police municipale lui convient parfaitement. En charge de la tranquillité publique, il se dit sensible à la réalité de la misère sociale. Fort de son expérience de terrain et de son solide bagage juridique, il entend participer à la réflexion sur la sécurité intérieure et s’apprête à apporter ses premières contributions à l’Observatoire national de la police municipale.

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