La cristallerie meurthe-et-mosellane a connu son premier conflit social depuis cinq ans. Celui-ci intervient alors que la Société du Louvre, propriétaire du site depuis 1994, affiche des résultats en constante progression.

Une fois n’est pas coutume, la cristallerie de Baccarat (Meurthe-et-Moselle) a été le théâtre d’un conflit social pendant sept jours d’affilée. Peu coutumiers des mouvements de grève – la cristallerie n’a connu que deux gros conflits au cours des quarante dernières années -, les 830 salariés ont engagé le 17 octobre un bras de fer avec leur direction pour obtenir une augmentation de leurs salaires. Ils ont finalement obtenu 1,3 % d’augmentation à compter du mois d’octobre, et 1,7 % en anticipation des hausses prévues pour 2001.

Revendiqué depuis plusieurs années, l’alignement de la grille salariale des ateliers à froid assurant la taille, la gravure et le conditionnement des verres, sur celle des fours à pot, où s’effectue la fusion du cristal, s’opérera progressivement d’ici à 2003. En revanche, la CGT, qui a poursuivi la grève seule lundi, n’a pas obtenu de garanties sur l’augmentation et la généralisation des primes pour le travail posté du matin, comme demandé. De même, les salaires resteront bloqués en 2001 si l’inflation ne dépasse pas 2,1 %.

Des bijoux prisés

La grève des cristalliers, suivie à plus de 80 % durant une semaine, a considérablement perturbé la production. Les salariés ont néanmoins veillé à ce qu’aucun four ne s’arrête. Le protocole de fin de conflit signé ce mercredi prévoit une récupération des heures de grève et engage la direction à ne procéder à aucune sanction. Les négociations salariales, qui reprendront le 15 novembre, porteront sur l’augmentation des primes de poste aux ateliers des fours à pot.

Ce conflit est survenu alors que la Société du Louvre, propriétaire du site depuis 1994, affiche des résultats en constante progression. Le chiffre d’affaires 2000 augmentera de 13 % pour se monter à 800 millions de francs. Le résultat net, qui avait enregistré en 1999 une hausse spectaculaire de 116 %, passera cette année de 25 à 30 millions de francs. En perte de vitesse au début des années 90, la manufacture a lancé avec succès, en 1993, les bijoux de cristal, qui génèrent une forte valeur ajoutée. Ils représentent aujourd’hui 13 % du chiffre d’affaires.

Taux de change favorable

La progression des marges s’explique également par l’implantation systématique de boutiques en nom propre. Présent dans 85 pays, Baccarat a ouvert 32 enseignes depuis 1995. La marque, qui réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’export, dont 50 % répartis à parts égales entre les Etats-Unis et le Japon, a bénéficié en 1999 d’un taux de change particulièrement favorable du yen et du dollar. En Europe, Baccarat enregistre une forte progression de ses ventes en Allemagne et en Grande-Bretagne. La cristallerie vise à présent l’Europe centrale et orientale.

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