Charbonnages de France s’apprête à céder sa cokerie mosellane de Carling. D’autres équipements de l’industrie lourde trouvent de nouveaux débouchés en Inde et en Chine.
La direction des Houillères du bassin de Lorraine a confirmé fin décembre la cession de la cokerie de Carling (Moselle) à l’horizon 2002. Le site, qui emploie 428 salariés, a produit l’an dernier 949.000 tonnes de coke pour un chiffre d’affaires de 846 millions de francs (129 millions d’euros).
Charbonnages de France, qui se séparera également de la cokerie qu’elle détient à Drocourt (Pas-de-Calais), pense trouver de nombreux repreneurs potentiels pour le site mosellan, qui présente pour 2000 un résultat en équilibre après cinq années de pertes.
« Coke à la carte »
Spécialisée dans le « coke à la carte », la cokerie de Carling commercialise ses 25 types de produits auprès de fondeurs, travaillant notamment pour l’automobile, la chimie et la verrerie. Elle compte parmi ses clients le belge Forges de Clabecq, l’allemand RUG et l’alsacien De Dietrich à Niederbronn-les-Bains. Elle bénéficie d’une conjoncture favorable et de la fermeture récente de cokeries en Allemagne et aux Pays-Bas. Le futur repreneur devra néanmoins investir 100 millions de francs (15,2 millions d’euros) dans les installations de dépoussiérage.
D’autres équipements emblématiques de la grande époque de l’industrie lourde entament une nouvelle existence sous des latitudes exotiques. La centrale EDF de Richemont (Moselle) démonte actuellement le deuxième groupe de production d’électricité de 55 mégawatts, qu’elle a vendu au sidérurgiste indien Ispat Energy Ltd. Indépendant d’Ispat International, le repreneur depuis 1999 de l’aciérie Unimétal en Lorraine, ce groupe doit cette quasi-homonymie au terme Ispat, qui signifie « acier » en indien.
Ispat Energy produit du gaz de hauts-fourneaux et souhaite le valoriser par une production d’électricité pour ses propres besoins.
Didier Vielpeau, directeur de la centrale de Richemont
Ainsi, deux des cinq tranches de la centrale construite en 1950 pour valoriser les excédents de gaz sidérurgique entreront en fonction à Dolvi, près de Bombay, en fin d’année 2001. Engagé en décembre 1999, le démantèlement des deux unités de production électrique – qui représentent un poids total de 50.000 tonnes pour un volume de 20.000 m3 – s’achèvera cet été.
Sans cette vente en Inde, ces équipements auraient dû être détruits. Unique en Lorraine, cette exportation spectaculaire a connu un précédent au Luxembourg en 1995, lorsque le sidérurgiste Arbed a transféré en Chine son haut-fourneau C, situé à Esch à la frontière avec la France. Le site libéré, Belval-Ouest, qui couvre 140 hectares à Esch-sur-Alzette, entame sa reconversion. Créée en octobre, la société de développement Agora, créée par l’Etat luxembourgeois et Arbed, transformera l’espace en site culturel.
avec l’aimable autorisation de Sandra Heiss
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