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Héritier en titre

En hauteur, le portrait de Victor Demange, fondateur du Républicain lorrain. A la place d’honneur, la une du 11 février 1999, sur laquelle la rédaction rendait hommage en pleine page à feu Marguerite Puhl-Demange, présidente-directrice générale et patronne incontestée du quotidien.

Le bureau de Mathieu Puhl, trente-six ans, respire l’héritage familial, mais le directeur général du Républicain lorrain ne s’est pas pour autant enfermé dans une tour d’ivoire. Longtemps éclipsé par la personnalité de sa mère et moins connu que son frère Victor, chef d’orchestre de renommée internationale, Mathieu Puhl a gagné en assurance. A la fois directeur administratif et financier et directeur du personnel, Manfred Stroh, l’homme lige du journal, a su épauler le jeune dirigeant avec l’omniprésence discrète qui le caractérise. Le duo que Mathieu Puhl constitue avec son père, Claude Puhl, PDG du quotidien, a pris ses marques.

Ancien journaliste, Claude Puhl supervise certaines décisions éditoriales. Ingénieur en informatique et diplômé de l’Ecole européenne de management de Lyon, Matthieu Puhl s’investit dans la technique et les nouveaux médias et assure la gestion d’une entreprise de 720 salariés, dont 160 journalistes.

La rédaction continue à se sentir orpheline de Marguerite Puhl-Demange, qui s’impliquait totalement dans la rédaction du journal. Matthieu Puhl est un manager plus qu’un homme de presse. Dans ce rôle, il fait preuve d’une grande finesse : avenant et affable, il joue de sa jeunesse, mais reste dans la lignée familiale de grande pugnacité.

Emmanuel Humbert, délégué CFDT des journalistes

Père de trois enfants, Matthieu Puhl assure préférer la vie de famille aux mondanités. Il limite ses apparitions publiques aux actions de parrainage de Noël de joie, grande cause maternelle en faveur des enfants défavorisés dont il a repris le flambeau. Indépendance. Membre du conseil d’administration du Syndicat de la presse quotidienne régionale, Mathieu Puhl compte aujourd’hui parmi les rares représentants des quotidiens indépendants.

Mathieu-PuhlLa question de l’indépendance du “Républicain” revient régulièrement à la surface depuis au moins trente ans. On nous a donnés vendus au groupe Hersant, à “l’Est républicain”, à des groupes de presse allemands. Je ne peux que rappeler que le capital de l’entreprise reste pour l’heure 100 % familial et le restera encore pour quelques années.

Mathieu Puhl

La stabilité du capital repose sur la cohésion apparemment sans faille entre les familles des deux filles de Victor Demange, Marguerite Puhl et Monique Petitdemange. En situation de quasi-monopole en Moselle, le groupe Répubicain lorrain détient une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages régionaux, une agence de communication, des filiales télévisuelles et contrôle quatre imprimeries. Fort de 47,7 millions d’euros de capitaux propres, le Républicain lorrain connaît néanmoins quelques revers financiers. Le quotidien a suspendu en février dernier « le Top », supplément culturel hebdomadaire lancé voici un an. D’aucuns ont vu dans ce retrait une sanction infligée à Chris K. rédacteur en chef du magazine, coupable d’avoir ironisé sur les talents de la Star Academy à la veille du passage de Jenifer en Lorraine – au grand dam d’un annonceur.

Monté en épingle, l’incident nous a valu une grève. Or, si nous avons suspendu “le Top”, c’est simplement parce qu’il ne décollait pas et que l’édition d’un tiré à part hebdomadaire en double pile nous coûtait trop cher.

Mathieu Puhl

Pertes

Le Républicain lorrain se montre d’autant plus soucieux d’économies qu’il a enregistré en 2002 des pertes dont il refuse d’indiquer le montant. Les finances du groupe ont été affectées par le lancement, en septembre 2001, du Quotidien, qui a remplacé l’édition luxembourgeoise du Républicain lorrain.

Nous nous basions sur des paramètres très différents de ceux que nous constatons aujourd’hui, mais une fois un quotidien lancé, il est très difficile de revenir en arrière.

Mathieu Puhl

Le Républicain lorrain et son partenaire luxembourgeois Edipress décideront en fin d’année du sort du titre.


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Pascale Braun

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