Grande consommatrice foncière, l’énergie solaire trouve en Lorraine une ressource abondante, dans les friches militaires et industrielles. Pour attirer les projets, le bonus tarifaire compense le faible ensoleillement.
Deuxième région productrice d’énergie éolienne de France avec 493 MW installés, la Lorraine se propose à présent de convertir son soleil en retombées sonnantes et trébuchantes. A la faveur des tarifs d’achat préférentiels pour les régions faiblement ensoleillées, les opérateurs nationaux et les collectivités locales des quatre départements ont annoncé une demi-douzaine de projets pour un investissement cumulé de 750 millions d’euros. La Lorraine afficherait ainsi une puissance photovoltaïque installée de 250 MWc, soit l’équivalent du total de l’énergie solaire produite en France l’an dernier.
Reconversion de bases aériennes
Comptant parmi les régions les moins ensoleillées de l’Hexagone, la Lorraine bénéficie d’une surcote d’achat pouvant atteindre 20 %. Ce tarif, garanti pour 20 ans pour les installations raccordées avant janvier 2012, aiguise les appétits des opérateurs et des collectivités locales. Outre deux projets phares – 143 MWc sur l’ancienne base aérienne de Toul (Meurthe-et-Moselle) et 91 MWc prévus à Marville (Meuse) – des fermes solaires occupant entre 10 et 30 ha se profilent sur l’ancienne base militaire d’Auzainvillers (Vosges), dans les carrières désaffectées de la communauté de communes de Freyming-Merlebach (Moselle), sur le site de l’ancienne cokerie de Homécourt (Meurthe-et-Moselle) ou encore, en lisière de la Zac des Deux-Fontaines à Metz.
Les fermes solaires trouvent dans les immenses bases aériennes désaffectées de Lorraine des emplacements de choix. Les pluies fréquentes et le climat plutôt frais permettent de surcroît de laver les panneaux et de les placer à l’abri des chaleurs excessives.
Mise en œuvre par notre partenaire Exosun, la technologie des trackers, qui permet aux panneaux de suivre la course du soleil, rend l’implantation d’une centrale solaire aussi rentable en Lorraine qu’à Toulouse. Cette innovation technologique, qui a déjà fait ses preuves dans huit centrales françaises, a certainement joué en notre faveur, de même que la solidité de notre dossier financier.
Alexis Broders, directeur général adjoint de Neoen
Le groupe a remporté l’appel à projets lancé conjointement par le conseil général de la Meuse et la communauté de communes de Montmédy sur 200 à 250 ha. Le projet mobilisera un investissement de 275 millions d’euros sur l’ancienne base aérienne de Marville. L’opérateur promet d’ouvrir largement aux entreprises locales les travaux de terrassement, de gros œuvre et de génie civil qui pourraient commencer au cours du troisième trimestre 2011. La construction doit employer 300 personnes, puis créer une trentaine d’emplois lors de sa mise en service prévue en 2013.
Record d’Europe à Toul
A Toul-Rosières, EDF Energies Nouvelles a annoncé au printemps l’implantation de la plus grande ferme solaire d’Europe, soit 140 ha de panneaux sur l’ancienne base aérienne 126. Succédant à l’annonce, démentie, de l’arrivée du fabricant de panneaux solaires First Solar, qui devait créer 400 emplois directs sur ce même site, le projet d’un montant colossal de 434 millions d’euros a rencontré un accueil mitigé.
Notre intérêt n’est pas d’avoir la plus grande centrale solaire d’Europe, mais d’accueillir le projet le mieux adapté à l’aménagement du territoire.
Claude Grivel, chargé de mission auprès de la présidence du conseil général de Meurthe-et-Moselle
Louée par l’Etat pour un loyer annuel de 1 million d’euros, la base accueillera l’installation d’EDF Energie nouvelles dans le cadre d’un bail emphytéotique de 22 ans. Le permis de construire devrait être déposé d’ici à l’été pour permettre le démarrage des travaux au dernier semestre 2011 et une mise en service courant 2012. Le chantier doit employer 150 personnes pendant deux ans. Une quinzaine d’agents assureront ensuite l’entretien des installations que l’opérateur s’engage à démanteler après usage.
L’éolien s’avérant actuellement moins rentable, les opérateurs historiques ont reporté leurs investissements sur l’énergie solaire, mais les deux filières continueront à coexister. Identiques, les compétences requises en matière d’ingénierie, de génie civil et d’études paysagères et environnementales peuvent fédérer les acteurs d’une future filière Energie renouvelables en Lorraine.
Franck Vignot, responsable de la division Climat, énergie et bâtiment à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Lorraine
Même les sous-traitants de l’industrie nucléaire régionale se mobilisent aujourd’hui pour capter les retombées du vent et du soleil.
--Télécharger l'article en PDF --