Unique exemple européen de planification trinationale, le projet urbain « 3Land » esquisse le contour de Bâle pour les trois prochaines décennies en intégrant les villes de Weil-am-Rhein, dans le Bade-Wurtemberg, et de Huningue, dans le Haut-Rhin.
Le projet « 3Land » porté par la ville de Bâle constitue l’un des plus ambitieux programmes de planification à long terme d’Europe. La commune suisse lance en concertation avec sa voisine allemande Weil, située sur la même rive du Rhin, et la haut-rhinoise Huningue, de l’autre côté du fleuve, un programme d’aménagement sur 82 hectares dimensionné pour accueillir 10 000 nouveaux habitants et 13 000 emplois. La plupart des surfaces seront reconquises sur les emprises portuaires au prix de déplacements spectaculaires. Les installations du port de Bâle vont reculer de quelques centaines de mètres par rapport au Rhin pour rejoindre d’autres bassins proches du chemin de fer. Le potentiel d’urbanisation s’en trouvera légèrement revu à la hausse avec un peu plus d’un million de mètres carrés constructibles.
Remettre le Rhin au cœur des trois pays
L’heure n’est pas encore à l’urbanisation. Au préalable, l’équipe LIN, mandataire du projet, a déterminé quelques principes forts d’aménagement ouvrant la voie à plusieurs scénarii de développement, en ménageant des réserves foncières. Le groupement franco-germano-suisse d’architectes, paysagistes, bureaux d’études et consultants (voir encadré) a procédé à une relecture du territoire selon quatre thèmes : paysage, mobilité douce, programmation, interconnexion des quartiers.
Le travail sur les aménagements paysagers et les espaces publics s’avère particulièrement structurant.
Nous proposons de refaire du Rhin un lieu central, aisément accessible, vecteur de continuités vertes.
Vesta-Nele Zareh, chef de projet chez LIN
Les rives reconquises du fleuve accueilleront un espace paysager de référence par commune, dont un parc urbain à Huningue. Les aménagements urbains et les constructions attendues répondront à un principe de « vis-à-vis », qui mixera logements et activités dans chaque commune.
Une telle multifonctionnalité constitue un vrai tournant historique.
Wolfgang Dietz maire de Weil et Jean-Marc Deichtmann, son homologue de Huningue
Celui-ci n’a pas oublié les intentions initiales plutôt hégémoniques de Bâle pour capter l’ensemble des nouveaux emplois.
Un plan-guide pour sortir des clivages
3Land promet à la commune haut-rhinoise un campus de formation et d’innovation dans le sillage du centre de recherche du groupe pharmaceutique Novartis en plein essor à Bâle. Il désigne comme l’une des « parcelles-pilotes » ses propres projets de requalification urbaine et portuaire en cours de définition avec VNF (Voies navigables de France).
On sort du schéma travailler en Suisse, acheter en Allemagne, habiter en France. Le fait que le grand Bâle accepte de se coordonner avec notre petite commune est une sacrée évolution.
Jean-Marc Deichtmann, maire de Huningue
Le plan-guide de l’équipe LIN propose en effet une première phase de réalisations à planifier ou en mettre en chantier d’ici à 2020, dont l’aménagement des berges dans le sillage de l’Uferpromenade (promenade des rives) en cours de construction, et un pont de 500 mètres vers Huningue pour les transports en commun. L’ouvrage pourrait servir de support à la prolongation du tramway de Bâle. L’hypothèse suppose toutefois de parvenir à associer les fonds « programme d’agglomérations » de l’Etat fédéral suisse à ce projet transfrontalier.
Les trois partenaires vont consacrer les prochains mois à définir une organisation de projet commune, base d’un mode transfrontalier de planification et de maître d’ouvrage.
Nous sommes confiants dans la capacité de trouver les solutions pragmatiques.
Hans-Peter Wessels, l’élu bâlois en charge de l’urbanisme
Les intervenants de 3Land
LIN (mandataire) – Atelier Girot (paysagiste) – Une Fabrique de la Ville (économie urbaine) – IBV Hüsler (mobilité) – Franck Boutté (énergie-environnement) – Nuesch Development (programmation) – Michael Kleyer (écologie urbaine et paysagère) – Joseph Hanimann (sociologie).
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