En Alsace comme en Lorraine, projets et chantiers se succèdent pour prolonger les tramways au-delà des frontières, entraînant dans leur sillage un nouvel urbanisme.
2017 sera l’année des extensions pour les tramways alsaciens, appelés à franchir les frontière tant à Saint-Louis qu’à Strasbourg. Le paysagiste-urbaniste Alfred Peter a dessiné le prolongement, sur 2,7 km, du tram strasbourgeois qui rejoindra la commune allemande de Kehl au terme d’un investissement de 87 millions d’euros financés par les deux pays au prorata des territoires traversés. Colonne vertébrale du quartier des Deux Rives, l’extension préfigure l’urbanisation des quartiers du port du Rhin à Strasbourg et de la gare de Kehl.
A la pointe sud de l’Alsace, les travaux d’extension du tramway de Bâle commenceront fin 2015 pour rejoindre la commune de Saint-Louis en 2017. La liaison de 3,5 km, dont 2,8 km côté français mobilise 44 millions d’euros sous maîtrise d’œuvre de l’équipe Serue Ingénierie. Divers aménagements publics côté suisse portent le budget total à 70 millions. Ici aussi, le tram se veut préfigurateur : Saint-Louis a fait le pari de desservir un espace périphérique aujourd’hui encore largement vide, plutôt que son centre-ville.
Désir de tram dans l’est mosellan
Dans l’Est mosellan, le tramway circule avec succès depuis 20 ans depuis Sarrebruck en Allemagne jusqu’à Sarreguemines. La création d’une liaison analogue vers l’autre pôle urbain de Forbach s’avère plus problématique. En 2013, le Land de Sarre avait douché les espoirs lorrains en se retirant d’une étude de faisabilité. L’Etat et le conseil départemental de la Moselle relancent le projet d’une desserte transfrontalière toujours en site propre mais plus modeste, qui s’appuierait sur la modernisation de voies existantes privées. L’Eurodistrict a confié à l’antenne luxembourgeoise du bureau d’études Drees & Sommer une étude approfondie sur la faisabilité d’un mode de transport en site propre qui relierait Forbach et Sarrebruck. Cette étude, dont les résultats seront communiqués en septembre prochain, a bénéficié des fonds européens Sintropher. Son montant a ainsi pu être porté à 280 000 euros. Elle englobe une étude socioéconomique sur les effets de régénération urbaine liée à ce nouveau mode de déplacement. L’étude explorera également de manière sommaire l’idée du Scot Val de Rosselle, qui souhaiterait mobiliser les voies existantes désaffectées des exploitants privés pour constituer une boucle Forbach – Creutzwald – Uberherrn – Volklingen – Sarrebruck.
Menées jusqu’en septembre par Drees & Sommer, les études incluent les effets induits de régénération urbaine. Le projet a en effet vocation à structurer le territoire de l’Eurodistrict SaarMoselle, soit 600 000 habitants.
Au Luxembourg, une entrée en gare à 565 millions d’euros
A Luxembourg, le tramway ne franchira pas la frontière mais sa vocation transnationale est évidente, puisque l’un de ses objectifs consiste à diminuer le flux automobile de travailleurs frontaliers lorrains, à partir de la gare ferroviaire centrale. Egis conduit l’équipe de maîtrise d’œuvre du projet d’un montant total de 565 millions d’euros pour 16 km d’ici à 2021. Une première phase de 7,5 km se construira de fin 2015 à fin 2017 jusqu’au Kirchberg, le quartier périphérique des institutions européennes.
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